Sournoisement présenté comme une petite bombe subversive confectionnée avec une large rasade de comique corrosif, Bienvenue chez les Rozes et son humour (?) à peine potache ne fait même pas l’effet d’un attentat pâtissier qui éclabousse sa cible de ridicule. Deux gangsters (Laurent Deutsch et Jean Dujardin) s’évadent par hasard d’un fourgon de police durant un transfert entre deux prisons. Ne sachant où aller, ils se réfugient dans une petite maison bourgeoise et prennent en otage les personnes qui y habitent. Rapidement, cette famille modèle va profiter de l’occasion pour libérer ses pulsions meurtrières en réglant quelques comptes avec son entourage et empiler les cadavres sur le dos des deux Pieds Nickelés. On imagine le résultat d’un tel argument de départ dans les mains d’un Chabrol ou d’un Mocky.

Pourtant c’est la bouillie de Francis Palluau qu’il faut ingurgiter. Au menu : l’habit ne fait pas le moine, ou bien les dehors les plus respectables ne font pas forcément des gens bien, ou encore on a tous en nous quelque chose de pas très clair. Rien de plus poussé que cette plate recette. Les pâtes à l’eau, sans même un peu de beurre, ça le fait vraiment pas. Qu’à cela ne tienne, on espère rattraper le coup en arrosant de sauce en tube. Parfois le bête et méchant a la saveur des plus grands plats. Erreur, même le ketchup est fade. La femme de ménage, le beau-père, le voisin tombent comme à l’usine, sans éclat, sans même un excès, sans flamber. Juste un coup de Baygon sur des mouches, plutôt bête et inutile donc.

Francis Palluau pensait peut-être cacher ses faiblesses culinaires en dressant une belle table. Mais sa déco vaut sa cuisine. Et ce n’est pas la nappe « Maisons et jardins » qui va sauver le coup. Le cinéaste nous étale le Lorant Deutsh standard, type footballeur du Turkistan avec du Yop autour de la bouche (mais filez lui un vrai rôle à ce pauvre gars !) et le package loulou Dujardin (ou chouchou, glouglou, moumou, bref la moitié mâle du beauffissime Un gars, une fille), tout juste arraché à sa chipie. Même le pot de fleur n’y peut rien : la pauvre Carole Bouquet pense que pour briser son image de coincée du cul il suffit de se faire peloter les seins, de montrer le haut de ses bas ou de planter un sécateur dans le dos de Yolande Moreau ! Bien tenté, mais ce dévergondage tardif manque cruellement d’éclat et de style. A vaincre sans péril… Finalement, Bienvenue chez les Rozes vient à point nommé pour nous rappeler qu’en France aussi on a nos Mac Do.