Avec Baby boy, John Singleton boucle sa « Hood trilogy » (Boyz’un the hood, Poetic justice) consacrée au quartier de South Central à Los Angeles, dont il est lui-même originaire. Cette fois, le cinéaste a choisi de raconter l’histoire de « l’homme qu’il aurait pu devenir s’il n’avait pas fait d’études ». Autrement dit, Baby boy se veut le portrait d’une génération de jeunes noirs américains dont la particularité, selon Singleton, résiderait dans son incapacité à couper le cordon avec la mère. Un drôle de postulat pour un film qui se présente sous la forme d’une chronique mais sombre le plus souvent dans les affres vulgaires de la sitcom bon marché. Soit Jody, à peine sorti de l’adolescence et déjà père de deux enfants de femmes différentes dont il ne s’occupe pas vraiment, leur préférant le confort douillet de la vie de famille avec maman. Seulement voilà, celle-ci ramène un jour Melvin, un ancien gangster, bien décidé à s’installer à la maison. Fort de cette trame un peu mince, John Singleton nous décrit alors le quotidien de son héros, ses interminables disputes avec sa petite copine Yvette à cause de ses régulières infidélités, ses virées avec son pote de toujours, ses altercations avec les cailleras du quartier, etc.

Passer plus de deux heures en compagnie de Jody, c’est un peu comme partager la vie d’un co-locataire avec qui on n’a rien en commun mais dont la proximité nous oblige à supporter ses faits et gestes de tous les jours. John Singleton nous dresse le portrait peu sympathique d’un héros censé cristalliser les travers de ceux qui prennent le mauvais chemin. Jody serait alors le contre-exemple, l’alternative foireuse à la réussite de Singleton qui semble pointer du doigt tous les écueils à éviter pour ne pas finir en slaker désabusé. Baby boy ou la leçon de morale à destination des jeunes générations qui ne prennent pas leurs responsabilités et sèment môme après môme sans rien assumer du tout… Après moult mini-péripéties (et notamment un meurtre presque cautionné par Singleton puisqu’il déclenche la « rédemption » du héros !), Jody finit enfin par quitter sa maman chérie pour fonder une famille avec Yvette… Difficile au final de saisir l’intérêt de ce film qui, malgré une réalisation assez pêchue, ne parvient jamais à dépasser le stade de l’anodin.