Seule réussite de Michael Radford sur B. Monkey : avoir casté Asia Argento. L’Italienne (icône trash ou tête à claques jet set selon les jours) meuble à elle seule, tant bien que mal, le vide sidéral de cette sombre histoire de gangsters. Toujours prête à se mettre à poil pour un oui ou pour un non, Asia aligne sans retenue les scènes dénudées, apparemment par simple plaisir exhibitionniste vu le peu de raisons de se défroquer dans ces séquences. L’occasion de passer le temps en admirant ses tatouages (on repense avec nostalgie au New Rose Hotel de Ferrara ) ou ses formes d’une arrogance sexuelle pourtant totalement étrangère à la caméra. Navet ou pas, Asia offre son corps sans distinction (discernement ?). Paradoxalement, de ces images grossières et éteintes (au propre comme au figuré puisque le film semble sous exposé du début à la fin) émerge la plastique nouvelle d’une actrice à la séduction inédite. Dépourvue de tout artifice (après une première partie où la comédienne déguisée en sapin de Noël multiplie les poses évocatrices façon pétasse de dancing), Asia Argento laisse apparaître un charisme brut insoupçonné. Aucun doute : le naturel campagnard lui va infiniment mieux qu’à l’éleveuse de chèvres Mathilde Seignier, ontologiquement dépourvue de toute classe.

Rien de suffisant cependant pour compenser le poids de l’imbitable récit dans lequel est embarquée B. (pour Béatrice ou Béatriceeee lors des séquences de pittoresque italien). On a bien du mal à comprendre pourquoi cette braqueuse s’amourache d’un instit anodin à la face de grenouille et aux qualités évanescentes, au point de finir dans une ferme déglinguée au fin fond de la campagne anglaise à passer ses week-ends sur les bords d’un terrain de criquet en admirant les efforts de son pathétique étalon. L’envie de lui suggérer d’autres moyens de fuir le milieu des truands nous tenaille. Peut-être conscient de ces limites, le cinéaste tente de relever la sauce avec quelques ingrédients qui sentent le moisi. Principale victime : Rupert Everett. L’acteur assure le kitsh du décor avec un personnage de tapiole décadente et incapable qui ne fera pas plus avancer la cause des acteurs que celle des homos. Tout comme Michael Radord ne contribuera pas à celle du cinéma ni même du simple divertissement.