Beth (Michelle Pfeiffer) et son mari Pat Cappadora (Treat Williams) mènent une vie heureuse jusqu’au jour où l’un de leurs trois enfants, Ben, alors âgé de 3 ans, est kidnappé. D’abord traumatisée par la disparition de leur fils, la famille Cappadora se met lentement à revivre. Dix ans se sont écoulés et, un jour, un jeune garçon vient frapper à leur porte. Beth est convaincue que cet enfant est Ben…

A trop rechercher l’émotion, on s’en éloigne. A trop reproduire le quotidien, on s’en écarte. Tels pourraient être les deux dictons auxquels se heurtent Aussi Profond que l’Océan : ils résument son ambition comme son ratage. Le film se veut-il porteur d’émotion ? Le spectateur ne se sent pourtant jamais concerné. Il n’est ni voyeur, ni acteur, et finalement il n’est plus spectateur, mais devient, au fur et à mesure que la durée du film s’écoule, un zombie au regard impassible. Ce n’est plus de l’ennui, c’est de la profonde indifférence. La mise en scène de Ulu Grosbard (Le Récidiviste, Sanglantes confessions, Georgia) ne rend pas le film plus attractif ; elle ne fait preuve d’aucun intérêt et d’aucune audace, ce qui donne un résultat fade et conventionnel au possible.

Aussi Profond que l’Océan se veut-il une peinture réussie d’un quotidien ébranlé ? Là aussi, c’est un échec. Les jouets du disparu, les changements vestimentaires des personnages, et ceux, décoratifs, de leur univers, participent à la traditionnelle et inébranlable rhétorique des drames américains de ces dix dernières années. Au lieu de jouer sur une atmosphère angoissante créée par l’obsession d’une mère, le film préfère une profonde complaisance à montrer une situation dramatique exacerbée par le temps qui passe.
On est presque satisfait que ce drame survienne à cette famille tellement les tourmentes sentimentales des personnages nous indiffèrent et rappellent l’atmosphère d’un soap-opéra. On se souvient alors, avec nostalgie, comment John Carpenter, avec Halloween, avait dénoncé brillamment la vacuité des banlieues résidentielles américaines…