Dans le cadre de son cours de littérature, le jeune Danny Vinyard (Edward Furlong) rend un devoir intitulé « My Mein Kampf ». Suite à cette provocation, ce dernier doit rédiger une autre dissertation, intitulée « American history X », sur l’incarcération de son frère aîné Derek (Edward Norton), skinhead notoire. Coïncidence, c’est également le jour où celui-ci est libéré. Mais à la joie du jeune Danny se substitue rapidement la déception de voir son frère changé, et reniant son passé violent. Tony Kaye (ex-tourneur de vidéo-clips à succès), pour son premier long métrage, s’acquitte de sa tâche consciencieusement, mais sans plus. Voici la leçon pour ceux qui ne l’auraient pas encore comprise : le racisme, c’est mal. Mais est-il besoin de l’ânonner une fois de plus au cinéma ? Si le film de Tony Kaye n’apporte rien de nouveau au problème, il a le mérite d’en exposer toute la complexité : ici le personnage charismatique par excellence, c’est bien ce jeune skinhead christique incarné avec talent (comme d’habitude) par E. Norton. Ce dernier, loin d’être la classique brute épaisse sans cervelle à laquelle nous sommes habitués, expose ses arguments de manière cohérente et avec une conviction des plus séduisantes. Mais la manière dont il montre la fascination qu’exerce Derek sur son petit frère devient problématique, voire dangereuse, avec le risque qu’elle s’étende aux spectateurs.

Ainsi, American history X est quasiment réalisé comme un thriller lambda, dont les héros seraient Norton, sa souffrance, et sa peur. De plus, on se passerait bien des effets de style hérités de la pub (ralentis sur les gouttes d’eau, flash-back en noir et blanc), au profit d’une mise en scène plus âpre, mieux à même de dépeindre la réalité dont le film se veut le témoin. Néanmoins, American history X, porté par une interprétation exemplaire, tranche avec la démagogie habituellement utilisée pour transmettre ce genre de discours.