Surtout ne pas se laisser abuser par la belle bande annonce qui laisse présager une série B inventive (pour cela, il vaut mieux voir le curieux The Return). Toutes les ingénieuses idées visuelles qui agrémentent le petit film promotionnel (une bestiole qui apparaît derrière une vitre à la faveur d’une lampe torche, un visage qui se décompose sous l’acide) paraissent malheureusement bien dérisoires ainsi noyées dans une heure trente de récit poussif (qui met un temps infini à se déployer) et de choix de mise en scène assez pauvres (au énième gros plan sur les monstres, on se surprend à bâiller). Le récit est cisaillé de bout en bout si bien que les frères Strause, spécialistes des effets spéciaux et dont c’est ici le premier long métrage, ne laissent aux séquences aucune chance de s’installer dans la durée, de créer un effet d’attente, de provoquer le moindre sentiment de suspense ou de peur. Alors le film dézingue à tout va, dans une logique programmatique assez bourrine, si bien que même l’arrivée des aliens dans une nursery ne provoque pas d’effroi, juste un peu de nausée face à tant d’inconséquence.

On se prend à rêver de ce qu’aurait pu être l’une des séquences d’ouverture, une partie de chasse dans la forêt avec un père et son fils, interrompue par le crash d’un vaisseau et une soudaine inversion des rôles, le petit homme et son père devenant les proies. Mais non, rien, la séquence est emballée en moins de deux comme une vignette scénarique. Il y avait pourtant une belle idée à la base : faire débarquer un récit légendaire, futuriste, dans une petite ville des Etats-Unis sans histoire, dont on sent bien que l’aspect documentaire intéresse un temps les réalisateurs (disons, pendant une poignée de secondes), comme si la tonitruante machinerie hollywoodienne débarquait dans un petit film indépendant. Malheureusement, le film n’est jamais à la hauteur de son présupposé théorique, voire politique (comment une petite ville d’américains moyens est, in fine, purement et simplement rayée de la carte par les autorités après une attaque « alien »). Reste une belle photo et le plaisir passager de retrouver Reiko Aylesworth (la Michelle Dressler de 24), ce qui ne suffit pas à sauver ce film simplement bébête.