Présenté comme un événement à cause de la présence conjointe de Depardieu et fils sur grand écran (alors qu’on a récemment pu les voir ensemble dans la dernière prod’ télé de Gégé, l’ampoulé Napoléon), Aime ton père n’en est pas moins un film de famille médiocre qui ne tire aucun parti de son casting. Ou plutôt si, mais dans le mauvais sens du terme. Pour interpréter l’histoire d’un fils en manque d’amour qui kidnappe son père -fameux romancier qui vient de recevoir le Prix Nobel !-, Jacob Berger n’a pas pu ne pas penser à l’effet de miroir que le spectateur exercerait avec la vraie vie des comédiens. Difficile en effet de ne pas faire le lien entre la relation torturée des héros -un fils qui s’est longtemps drogué pour attirer l’attention d’un père que la célébrité maintenait absent- et celle de la fratrie Depardieu, même si les intéressés arguent assez hypocritement du contraire. Véritable fond de commerce du film, la relation entre Gérard et Guillaume est en fait le seul élément attractif de Aime ton père comme l’ont bien compris les magazines people qui font d’ores et déjà leur couv’ sur les deux comédiens. Hélas, la médiocrité du film rend quelque peu malsaine cette mise en abyme voyeuriste qui n’attire le chaland qu’en jouant de manière opportuniste sur ses tristes coïncidences avec la réalité.

L’absence de mise en scène et les dialogues insipides ne font que renforcer l’inanité du film de Jacob Berger. Pire, le réalisateur laisse littéralement ses acteurs se débrouiller avec le texte comme s’il était lui-même impressionné par un casting qui relève finalement de la fausse-bonne idée. Laissé en roue libre, Gérard Depardieu n’habite que très mollement son personnage, donnant l’impression d’être ailleurs ou d’attendre secrètement la fin de la prise pour allumer son légendaire téléphone portable. Guillaume Depardieu et Sylvie Testud ont beau faire ce qu’ils peuvent pour sauver les meubles, leur performance ne parvient jamais à contre-balancer la nullité du scénario. Reste quelques moments d’humour involontaire comme celui au cours duquel Gégé est saucissonné dans du scotch par son rejeton qui l’affuble ensuite du même jogging Kiabi que lui. C’est bien trop peu pour justifier l’intérêt du spectateur à qui l’on conseillera plutôt de lire l’interview de Gérard et son fils dans Paris Match ; là au moins les enjeux sont clairs.