Remake à peine avoué du Jour des morts-vivants de George A. Romero, 28 jours plus tard est à l’image du cinéma de Danny Boyle : vain, terriblement superficiel, mais avec juste ce qu’il faut de bidouillages dramatico-cinétiques pour tenir le spectateur en haleine. On appelle ça de l’esbroufe, et il n’est d’ailleurs même pas certain que Boyle tente de s’en cacher sous un discours pseudo-intello à la Soderbergh. Ce doute est finalement ce qui sauve ce faux film d’horreur terriblement aseptisé : une façon de bien montrer que sous les effets de style roublards, les plans à la sophistication forcée, rien d’autre ne compte qu’un récit ultra-primaire fondé sur des ingrédients éculés.

A Londres, dans un avenir imprécis, une horde d’animaux de laboratoires porteurs d’un terrible virus transforme la ville, et bientôt le pays tout entier, en vaste no man’s land peuplé de freluquets psychotiques et de zombies fluo aux yeux rouges. Un petit groupe de survivants se forme et tente de rejoindre un poste militaire situé en pleine campagne, où les personnages devraient enfin trouver apaisement et sécurité. Mais c’est précisément dans cette caserne habitée de militaires angoissants que commencent les vrais problèmes… On voit très vite où le film veut en venir (le mal n’est pas forcément là où on le croit). Mieux vaut, évidemment, fermer les yeux sur cet aspect « politique » extrêmement original et se contenter de regarder naïvement les scènes du film comme s’il s’agissait d’une banale cinématique de jeu vidéo en roue libre (soit Resident evil sans la noirceur infinie que lui confère l’interactivité flottante et solitaire).

Ne pas entrer dans le jeu pataud de Boyle, c’est d’abord faire honneur à la seule chose pour laquelle il témoigne d’un authentique intérêt (faire des images évidées de toute profondeur, ce qui n’est pas forcément un défaut) ; c’est ensuite, et surtout, éviter de sombrer dans le sacro-saint delirium parano-acnéique pour lequel Boyle n’a même pas le talent d’embobineur du gourou patraque Terry Gilliam (le « récit de ouf » où tout le monde il est pervers et capitaliste, sauf les jeunes rebelles défoncés aux chips et au soda, mais libres dans leur tête). Drôle de film, donc, qui trouve son énergie dans le vide et le creux de son intrigue pour se contenter de dérouler des visions parfois saisissantes d’une capitale désolée (le truc, c’est le support numérique et son côté  » brut et décalé « , dixit Boyle). A ce niveau, le film s’en tire bien et parvient à instaurer une atmosphère prenante, vue mille fois ailleurs mais n’ayant de cesse de fasciner l’imaginaire cinéphile. Petit détail purement pratique : il reste dans ce paysage d’apocalypse quelques distributeurs de Pepsi où se restaurer sans débourser la moindre livre. L’essentiel est sauf.