On ne pourra décidément pas reprocher à Génération Comics d’expédier leur boulot, de ne pas faire d’efforts pour adapter convenablement les BD made in Japan qu’ils éditent. Mais à l’instar d’Eden, ou de Dark Angel, Kamikaze souffre d’un trop grand écart entre la joliesse de son emballage « deluxe » et la vacuité de son contenu. Bien sûr, ces trois titres n’ont rien de déshonorant… De la consommation courante, du nan-nan pour mangavore ; aussitôt lu, aussitôt oublié.

Eden souffrait d’un manque d’originalité flagrant, Dark Angel d’une intrigue sous-exploitée réduite à son minimum proto-gaballien. Kamikaze, quant à lui, pâtit, et ce, dès le premier tome, d’un trop plein de personnages, qui se substituent les uns aux autres sans jamais vraiment s’imposer à notre affect… Un véritable surdosage de protagonistes, plus enclin à brouiller les pistes qu’à emporter l’adhésion à une intrigue retorse, qui greffe un argument très heroic-fantasy sur un univers contemporain et réaliste.

Kamuro Ishigami, vague clone provincial du Squall Leonheart de Final Fantasy VIII, accessoirement « homme de la terre » de la tribu des Matsurowanu Kegainotami, décide de quitter son petit village folklorique pour Tokyo, où il espère mettre la main sur la « fille de l’eau »… Une donzelle convoitée par une bande de hooligans mutants, qui ont la ferme intention de l’utiliser pour le réveil des « 88 fauves », dont on n’apprendra pas grand-chose dans ce premier opus, si ce n’est qu’ils doivent être très-très méchants. Inutile de vous dire que ça va bastonner sévère pour s’approprier la demoiselle, que le « maître du feu » -on attend le « sensei du vent » pour compléter le tableau, peut-être au prochain épisode ?- viendra ajouter son grain de sel au dernier moment, histoire d’en rajouter dans la confusion générale. Les amateurs de combats magico-martiaux et de concours de bites sur le thème « qui est le plus puissant ? » seront aux anges…

Pour le reste, Shiki s’applique à ne pas faire mentir la mention « pour lecteurs avertis » discrètement apposée sur la couverture. Du sang, de la chair martyrisée, consumée et du cul -un peu. Quelques nichons -indispensables à tout shônen qui se respecte- et une scène de fella’ dans le métro où une jeune Japonaise travailleuse s’évertue à sucer une verge… invisible, tabou sur la représentation des organes génitaux oblige.

Heureusement Shiki maîtrise son trait, ultra-classique et relativement impersonnel mais plutôt soigné, de quoi justifier, apparemment, une belle édition bien proprette. Agréable à regarder, mais un peu emmerdant à lire, Kamikaze pourrait retenir l’attention à l’avenir si son auteur se décide à lui insuffler un peu plus de cohérence et de profondeur, et à se calmer un peu aux niveaux des clichés… Y a du boulot…