Première impression : Exaxxion, ça rime avec Evangelion… Hasard ? Pas vraiment, Exaxxion est -aussi- un giant robot manga, genre injustement méprisé à l’intérieur de nos frontières. La référence n’est pas anodine -Sonoda l’avoue lui-même à travers un des personnages, le nom de son robot géant est un clin d’œil-, elle est surtout très lourde à porter. Difficile de passer après Hideaki Anno…
Or, il faut bien le reconnaître, Exaxxion peut apparaître, à première vue, comme un avatar tout ce qu’il y a de plus classique des animes/mangas qui l’ont inspiré. Robot géant, aliens impérialistes, lycéen embarqué malgré lui dans la reconquête de la Terre, savant dérangé. On collectionne allègrement les clichés du genre. En fait, on se laisse rapidement prendre au jeu, sans doute parce que Sonoda est un chara et mecha-designer plutôt doué, et que son dessin, courbe et épuré, ne souffre d’aucun défaut notable. Il est même très agréable à regarder.
Mais dès le deuxième tome, la série commence à prendre de l’ampleur… Contrairement à tous ses prédécesseurs qui puisaient leur essence dans le traumatisme nucléaire d’Hiroshima, Exaxxion se débarrasse du nippo-centrisme habituel pour se focaliser vers un drame plus européen : la Shoah. On voit d’ici les disciples de Lanzmann sortir leurs plumes vengeresses -si tant est qu’ils s’intéressent aux mangas, ce qui serait pour le moins surprenant.
L’analogie n’est pas subtile mais elle est suffisamment contextuelle pour ne pas verser dans l’ignoble.

Oui, les aliens d’Exaxxion sont des vilains nazis. Non seulement, ils parviennent à envahir notre belle planète sans trop d’effusion de sang -remember la débâcle de 39… Dix ans de co-existence pacifique pour mieux parasiter les réseaux terriens. Ils sont grands et blonds -bref de véritables petits aryens- et n’hésitent pas à gazer toute une classe de lycéens pour s’assurer de la disparition du pilote d’Exaxxion -une scène d’une violence hallucinante. Bref, il faudrait vraiment être aveugle pour ne pas y voir une métaphore, grossière, certes, mais inhabituelle, de la Seconde Guerre mondiale et des exactions -tiens, tiens…- des soldats allemands et dignitaires nazis…
En dehors de ce revirement qui fait l’unique originalité de son intrigue, Exaxxion est plutôt routinier. Les rapports conflictuels entre Kano, le pilote de l’engin, et son savant de grand-père, rappellent immanquablement la relation Ikari-Shinji dans EVA, voire celle d’Actarus avec son père adoptif dans Goldorak. On peut toujours s’amuser au jeu des citations et similitudes. On peut aussi remarquer un personnage intéressant et attachant, l’androïde ultra-sexy et hyper-poitrinée Isaka dont les imposantes mamelles font office de kit de réparation pour l’armure cyber-chic de Kano. Exaxxion a-t-il pour autant tout dit dès son deuxième tome ? On sait que la veine commerciale du manga peut parfois se révéler riche en surprises. En dehors de son exploitation d’un traumatisme typiquement européen, de sa violence endémique, la bande dessinée de Sonoda peut encore nous surprendre. Même si on doute fortement, pour le moment, qu’elle devienne un classique, ou un fleuron du genre.