Alors là, on attaque le gros morceau de cette Fête de la musique 1998, même si le concert qui nous occupe ici s’est déroulé le lendemain du solstice d’été. Dans une salle Olivier Messiaen, l’ex-plus grand studio 104 de Radio France, qui n’avait, de mémoire de mélomane, jamais vu telle débauche de technologie, le retour du petit Neil Hannon et de sa grandiose Divine Comedy s’est fait devant un public qui en était presque à pousser les murs afin que tous puissent entrer.

Rendez-vous était pris pour 20 heures 15 et une première partie quasiment consacrée à la découverte de la nouvelle oeuvre de l’Irlandais. Les fans présents s’attendaient à une Black Session classique, certes un peu plus lumineuse que d’habitude depuis que Paris Première tourne et que Jean-Louis Murat était venu avec ses films de vacances distillant un nouvel air pur dans cette Radio France d’une rare froideur. Mais là, on a battu des records : débauche de projecteurs multicolores virevoltant dans tous les sens, fumigènes étoufants comme à La Loco, si ! si ! et… et… surtout trois écrans géants qui bouchaient la vue sur les grandes orgues de la salle.

Sur ces écrans, des films flous, clips des anciens singles, Neil en vacances (lui aussi, décidémment) à Venise, sous le soleil. Enfin, tout ça pour la première partie, parce que, en seconde, c’est-à-dire celle diffusée en direct sur Inter, c’est au match de foot Angleterre/Jenesaisquoi que nous avons eu droit, toujours en flou et avec les musiciens qui nous tournaient le dos pour tenter de distinguer l’action.

Bon, et la musique me direz-vous ? Et bien, j’arrive au bout de mon espace, alors… Tout ce que je peux vous dire, c’est que si vous avez écouté l’Inrock ce soir-là, vous n’avez eu droit qu’à un petit échantillon de ce sublime concert qui nous a transportés presque aussi loin que le désormais référentiel concert du 1er avril 1997 à la Cigale avec orchestre philharmonique.

Neil s’est présenté tout gueurdi, tout racornissou (cf. Queneau) dans un étriqué costume grande classe avec lunettes noires et plus figé que l’idiot de chez Oasis (et oui, on peut). ET LA MUSIQUE ? Superbe, tout simplement. Des arrangments brillants pour une formation à deux guitares, deux claviers doubles, section rythmique et percussions. Et de nouvelles chansons qui raviront les aficionados et encourageront les hermétiques à prendre conscience de leur connerie d’ignorance. Profitez d’ores et déjà du tube de l’été Generation sex, ça devrait vous faire patienter jusqu’à la diffusion en septembre du concert à la radio, et à la télé au moment même où sortira Fin de siècle. D’ici là, bonnes vacances. Hilda, Christel, Bernard, encore merci.