Encore une compilation de minimal techno sur Tresor ? Hé oui, mais cette fois on en parle parce qu’elle est excellente ! Douze titres par la crème de l’écurie Tresor, avec des stars de Detroit (Drexcya, Claude Young, Terrence Dixon), d’autres de Berlin (Savvas Ysatis, Pacou) et quelques nouveaux venus qui ne sont pas les moins efficaces (Serac, Diskordia).
Comme on le sait, la minimal techno échappe à toute critique, puisque, à partir de la même recette (un pied, un charley, un synthé filtré, faites durer 10 minutes, dansez), le résultat est à chaque fois très légèrement différent. On peut néanmoins dégager trois familles dans cette techno-là : les festifs, les urbains, les cosmiques. Parmi les premiers (de vilains hédonistes qui ne pensent qu’au plaisir), il y a les adeptes du dub (Round Two, très proche de Maurizio / Tikiman), les adeptes du club (Aril Brikha et son tube d’electro-parade Groove la Chord ou Diskordia, très semblable à Jeff Mills) et enfin ceux de la plage (Savvas Ysatis signe un pur titre de balearic beat qui a dû en faire transplaner plus d’un et qui flotte du côté des voiles troublants d’Isolée).

Parmi les urbains, Claude Young et James Ruskin font une techno peu accueillante, qui résonne des bruits des grandes villes industrielles : froids et intimidants, les morceaux rappellent le vacarme assourdissant des rames de métro mêlé aux percussions des marteaux-piqueurs. D’autres comme Sterac ou Pacou se concentrent sur le rythme de la ville : nerveux, speedés, implacables, ils foncent à travers les rues comme des super-héros sous acide ou des personnages de Glamorama (ce qui revient au même). Leur qualité : immédiatement contagieux, ils forcent à danser, tels de puissants stimulants.
Enfin, il y a les cosmiques (ou aqua-cosmiques, puisque les profondeurs insondables des océans communiquent avec les espaces infinis du cosmos) : Drexcya, bien sûr, avec un extrait de leur excellent dernier album Neptune’s lair, mais aussi Stewart S. Walker, Sender Berlin ou encore Terrence Dixon (avec aussi un extrait de son dernier album, très influencé par Juan Atkins).

Bref, si Kraftwerk faisait le tour de France en vélo ou empruntait l’autoroute, les producteurs d’aujourd’hui, eux, auraient plutôt tendance à pratiquer une sorte de bobsleigh nocturne en boucle digitale infinie : ça va vite, ça file, ça tourne en rond et ça fait tourner la tête. Tresor 2000 : l’éclat d’un joyau électronique qui brille dans le noir.