« Caliente ! » serait-on un peu bêtement tenté de hurler à tue-tête, cherchant à signifier, dans un mélange d’embarras et d’excitation, l’étonnement contrit, et soudain provoqué par l’écoute du beau déluge percussif qu’est Novos Misterios.

C’est-à-dire qu’en quelques secondes, Novos Misterios nous fait la totale : bruits de la jungle, grondements de surdos brésiliens, tambourins et tambours de toutes les sortes et de toutes les tailles… On retrouve grosso modo, concassé dans l’oreille, l’inventaire exhaustif de tout ce qui peut se constituer d’une membrane, d’une caisse de résonance, et qui se destine à être violenté en vue d’exprimer la joie de danser associée à la satisfaction exquise de dévaler les allées de Rio de Janeiro, en petite tenue.

C’est donc la batucada brésilienne que l’on reçoit en pleine face et l’ambiance Rio de Janeiro en démonstration de force. Paradis exotiques au soleil, processions fleuries et tressautantes.

Tout cela serait plutôt simple, rapidement appréhendé et acquis. Seulement, les deux Ninos ne sont pas brésiliens, mais italiens (on serait presque déçus). Nicolò Fortuni et Nico Vascellari n’ont pas parfait leur teint hâlé à la Costa Verde mais ont plutôt officié au sein de la scène punk hardcore romaine locale et pour l’un d’entre eux, commis quelques outrages en galeries d’art. Autre fait signifiant, Novos Misterios nous est présenté par le désormais bien connu Hospital Production, maison mère de Dominick Fernow, fameux s’il en est pour ses performances habitées, aux noms de Prurient ou de Vatican Shadow. Pas exactement l’archétype de la vida loca, donc.

Il y a comme un lézard dans la pina colada : derrière le maelström à tout va des percussions traditionnelles, la pulsation techno s’immisce tel le ver dans la goyave. Au beau milieu du parfait alliage brasilo-percussif, tambourinent par touches et en sourdine, basses et substrats électroniques. La fièvre tropicale grimpe, s’accompagne de quelques cris d’effrois saturés et de boucles d’effets insérées par surprise. Le carnaval vire au rituel vaudou intoxiqué et au paganisme tropical.

Novos Misterios évoque parfois le savoir-faire et le raffinement d’un Maurice Fulton anthropologue, s’adonnant à la perfection rythmique sous perfusion acoustique (cf. entre autres les albums signés MU), teintant par pointillés, les rebondis chaloupés des  idiophones de quelques processings électroniques tombés à points nommés.

La tentative au final ne subjugue pas tout à fait, le cahier des charges hyper quadrillé (recours systématique à un corpus plus ou moins traditionnel, interventions électroniques furtives grondant à l’arrière) cadenassant quelque peu le propos. On demeure pourtant furieusement curieux d’écouter la suite. Ça tombe bien, elle est déjà prévue, et cette fois chez les new-yorkais de DFA.