Seize titres. Presque une heure de musique… Ti-Coca et son groupe acoustique Ouanga-Nege, Fragile Fatal et les choeurs de Hounsi (initiés), Madame Nerval prêtresse à Jacmel… Meringue, vaudou, rara, menuet et contredanse. Des musiques liées au quotidien de chaque paysan haïtien (70% de la population). Des musiques à passerelle, qui s’interpellent, se mélangent. Ainsi peut-on voir pendant une cérémonie cultuelle vaudou une déesse loa blanc comme Erzulie répondre aux appels des fidèles au son d’une contredanse ou d’un menuet.
La danse est souvent là pour accompagner la voix à la ronde des esprits. Hochets, tambours et accordéon… rythmes et mélodies invoquent le sacré pour servir le profane. Patrimoine caraïbe issu par ailleurs d’un métissage plutôt douloureux (l’esclavage), le répertoire présent sur cet album charrie des images de résistance face à l’oubli. Il s’agit de la mémoire d’un peuple, une mémoire à travers laquelle la musique a eu parfois tendance à maronner autant que la vie. Une histoire aussi de blancs devenus nègres là-bas dans les montagnes haïtiennes entre Fond-des-nègres et Fond-des-blancs. Un disque qui se savoure, accompagné de son très beau livret (préfacé par C. Najman). Excellent !