Mike Ladd nous avait fortement impressionné et séduit au début de l’année passée avec Easy listenning 4 armageddon, un premier album très abouti, parfaitement maîtrisé pour un jeune de vingt-six ans dont la seule heure de gloire avait été d’effectuer quelques premières parties prestigieuses (De La Soul, Dream Warriors, KRS One) et dont l’originalité soulignée par l’ensemble de la presse fut qu’il était encore alors professeur de littérature anglaise à l’université de Boston. Son album donnait dans le genre hip-hop / trip-hop avec des samples bien sentis et des arrangements chics, sans parler des textes d’une poésie finement ciselée, et sans oublier le militantisme d’un chroniqueur de son temps. En somme, une réponse à l’Anglais Tricky pour la dureté du propos et l’Ecossais Perry Blake pour la douceur de l’écrin musical.
Avec Welcome to the afterfuture, Mike Ladd enfonce le clou. Il a pris du galon dans le milieu hip-hop new-yorkais et tente donc le grand chelem en s’essayant au grand écart entre un son encore plus travaillé (de superbes samples traversent les treize titres de l’album) et des textes sans doute plus répétitifs mais qui gagnent ainsi en puissance -par leurs effets répétitifs justement.

C’est avec un sample déjà utilisé par ses pères Run DMC que Mike Ladd introduit sa vision du futur sur 5000 miles west of the future. La suite peut être, au choix, arabisante avec des cordes (Airwave hysteria), planante de trip-hop caverneux (Planet 10, Takes more than 41, I feel like #100), classique d’un rap juste accompagné par des rythmiques binaires et une basse nochanlante (Bladerunners, The Animist) ou plus violente (Red eyes to Jupiter), des scratchs et des samples de violons clairs (No. 1 St.) ou la grandiloquence d’un poème déclamé façon péplum (Feb. 4 ’99).
Et là où Mike Ladd nous surprend encore, c’est par son côté aventureux (quand même très rare dans le hip-hop américain depuis quelques années) sur ce To the moon’s contractor, morceau instrumental superbe de légèreté (encore une caractéristique fort éloignée du rap actuel) qui nous renvoie plus à The Orb qu’aux canons du rap américain. La surprise est donc, encore une fois, réussie.