Le nouveau Fugazi, c’est toujours un plaisir. Belle pochette, petit prix (le même depuis les débuts), l’assurance de bonnes petites chansons noisy hard-core, d’un rock efficace, fin, sec et intelligent. Le plaisir de retrouver cette voix qui nous gêne un peu à chaque fois. Mais on aime être gêné, pour mieux apprécier les guitares qui suggèrent sournoisement, les rythmiques félines et efflanquées, les basses plus souvent dub qu’on ne le croit, qui gravent tranquillement leur marque. Le premier morceau est le meilleur du disque. Génial. Mélancolique, virtuose, souple. Pas le plus post-rock. Ça nous gênait d’écrire le mot, mais il n’est pas complètement déplacé concernant ce disque : il y a plusieurs morceaux dont les structures sont mieux marketées ailleurs. On a aussi des réminiscences des Feelies, parfois de Don Caballero ou Polvo. Des titres très mélodiques, très pop, d’autres très réfléchis, très construits. Seule petite kitscherie, cet Arpeggiator (un hommage à Vini Reilly ?) presque séduisant, habile mais bête. Fugazi, c’est un peu le côté frustré, moins sensuel, de Jesus Lizard, mais incorruptible, irrémédiablement exigeant avec lui-même. Non, Fugazi ne fera pas de concessions. Et puis ça peut même groover : écoutez donc Foreman’s dog ! Sur scène, Fugazi a bonne réputation. Des ambiances qui retiennent l’attention. End hits regorge de trésors cachés. End Hits ? Derniers coups ? Peu probable. Voilà une voix comme celle de Sonic Youth, qui a encore des choses à nous dire, avec force, qui ne se tait pas. Tout le charme du hard-core qui réfléchit.
Fugazi s’améliore tout en suivant sa voie. Comme il est écrit sur la pochette, et en exagérant à peine, on pourrait presque dire d’eux : « Committed to excellence ». Un très bon disque.