Une dose de Mogwai (le bruitisme délicat), un zest de Low (quelques tempi lents et reposants), une pincée de Squarepusher (la passion pour le jazz de Charles Mingus et les sonorités très travaillées), un soupçon de Souled American (des guitares très claires et bien en avant), un petit côté Calexico (du folk-rock de vrai cowboy par ces Anglais du Dorset qui ont enregistré avec PJ Harvey), une légère goutte de Sonic Youth (là, y a rien à dire, c’est très flagrant), quelque chose de Swell (cf. Calexico, mais en plus urbain sur certains morceaux) ou de Tortoise (on est sûrement là au-delà du rock dans son acception classique -sans pour autant utiliser cette expression qui ne veut pas dire grand chose de « post-rock »), comme une idée de Blonde Redhead (pour la puissance dans la retenue) et voilà les extraordinairement talentueux Billy Mahonie qui font leur apparition avec The Big dig (à ne pas confondre avec l’émission conne au nom proche).

Billy Mahonie n’est donc pas le nom d’un terrifiant génie qui concocterait ce mélange merveilleusement réussi des références ci-dessus recensées (et que l’on aimerait tant garder pour nous seulement) mais le patronyme de ce groupe d’à peine un an d’existence, qui semble faire aussi grande impression sur scène -à en croire la presse anglaise (sic). Leur musique s’y prête tellement bien que l’on est impatient de vérifier, d’autant que les premiers arrivés se voient remettre une compilation d’inédits issus de leur dernières sessions.

Un rock bruitiste, mélodique, un tantinet cowboy mais très urbain, qui passe du calme le plus délicat au crescendo le plus ardent, de la mélodie finement ciselée We accept american dollars ou Manywhere m1 au chaos d’un mur du son inaltérable, Watching people speaking when you can’t hear what they’re saying en première position (quel titre ! mais bon, pourquoi pas ?) ou la dernière Yeah, yeah, yeah, yeah, yeah (un son qui nous renvoie au bon vieux temps du Wedding Present en live). Un piédestal pour rehausser encore un peu plus le niveau à atteindre par les concurrents. Une base pour tous les aficionados du rock sans parole mais très imagé.