Après avoir ignoré les deux premiers volets de la série, j’étais quand même vaguement curieux de savoir ce que trafiquaient Pikachu et ses amis sur grand écran. Séance de rattrapage, donc, avec ce Pokémon 3, et chemin de croix pour le critique quasi-néophyte en la matière qui se retrouve un dimanche matin à l’Aquaboulevard, au milieu des mômes et de leurs parents. « Eh, derrière nous y’a un monsieur ! » chuchotent les mioches, histoire de bien me signifier mon statut présumé de vieil ado attardé. Et si les gosses avaient raison ? Si, au bout du compte, je m’étais rendu à cette avant-première un peu glauque dans le seul but de participer à une intensive entreprise de régression et de retrouver les sensations « Récré A2 » de ma propre enfance ?

Hélas (?), dès les premières images, il faut me rendre à l’évidence : l’ambiance madeleine ne prendra pas. Le phénomène Pokémon est bien pire que je l’imaginais et la version cinéma, troisième du nom, est une arnaque pure et simple. En guise d’amuse-gueules, un épisode ascétique : alors que Sacha, le dresseur de Pokémons, est parti faire des courses, Pikachu et les Pichus (oui, oui, j’ai pris des notes) se retrouvent dans une décharge et parviennent à éviter la chute d’un tas de pneus grâce à de nouvelles créatures rencontrées en chemin. Si l’intrigue n’était pas aussi sommaire, on pourrait presque taxer ces vingt minutes d’expérimentales, tant la bande sonore ressemble à un collage d’onomatopées et de petits cris hystériques divers, dont se détachent les fameux « Pika ! ». A eux seuls, ces cris donnent envie de faire subir les plus infâmes tortures à notre grosse boule jaune. Bref, du Chapi-chapo sans grâce ni étrangeté, dessiné et animé avec les pieds. Quant au second récit d’une heure, il relate les mésaventures d’une petite fille qui, confrontée à la disparition de son père, s’allie avec les zarbis (véridique !) et créée autour d’elle un monde fantasmagorique dont elle ne mesure pas la nocivité. Le papa se substitue ainsi en un Pokémon mythique, sorte de sphinx protecteur et violent qui détruit la nature et les hommes sur son passage. Une jolie idée aux résonances psychanalytiques qui ne tient pas longtemps la route face à la déferlante Tétarte, Salamèche and co, bien décidés à rendre le propos aussi débile que possible. Pari gagné haut la main. Je sors d’ailleurs de la projection avec une forte envie de happening improvisé. Au choix : arpenter le métro en me faisant passer pour un authentique dresseur de Pokémons, violer sauvagement une peluche de Rattatac ou encore me rouler dans la merde en hurlant « Pika ! Pika ! » pendant quinze heures non-stop.