C’est bien connu, les méga-stars ont rarement le goût du partage. Le Mexicain, ce sera donc deux nanars pour le prix d’un. Le film de Gore Verbinski fait ainsi penser aux pochettes-surprises de notre enfance, ces gros emballages bourrés d’objets de pacotille qu’on ouvrait tout excités avant de pleurer de déception. Bleus pour les garçons : Brad Pitt parcourant le Mexique à la recherche d’un pistolet légendaire sur fond de coups de feu et de musique mariachiante. Rose pour les filles (et les tarlouzes) : Julia Roberts kidnappée par un tueur de sang froid, faux dur à cuir mais vrai gay à fleur de peau.

Et pourtant, le premier plan du Mexicain nous montrait d’emblée Brad et Julia dans le même lit, comme l’épilogue prématuré d’une comédie romantique rêvée. Piste trompeuse : cinq minutes plus tard, le truand simplet et la mégère non apprivoisée se la jouent anti-Roméo et Juliette. Du haut de son balcon, Julia insulte Brad, qui le lui rend bien. Tout ça parce que Monsieur est obligé de partir en mission alors que Madame lui avait demandé de prendre sa retraite. Dialogue pesant, jeu caricatural : on se croirait presque dans un mauvais épisode d’Un Gars, une fille, les vedettes en plus et la beauferie en moins (quoique…). Mais le pire reste à venir : Brad le plouc à dos d’âne, accumulant les bourdes et transpirant à grosses gouttes ; Julia en voiture racontant ses expériences sentimentales à son gentil ravisseur. A choisir entre la peste et le choléra, on optera tout de même pour les tribulations de Miss Roberts, surtout au nom de son faire-valoir, l’excellent James Gandolfini, héros des Sopranos à la télé qui succède ici à Rupert Everett (Le Mariage de mon meilleur ami) dans le rôle du confident homo, version nounours des backrooms. D’ailleurs, l’actrice n’est jamais aussi bonne que lorsqu’elle joue les filles à pédé, à l’écoute des déboires amoureux de ses amis et prête à délirer quand la fête bat son plein. Dans Le Mexicain, Julia, James et le petit ami de ce dernier s’offrent ainsi une inévitable danse endiablée, avec ce qu’il faut d’ambiance queer et de frous-frous chamarrés. Y a pas à dire, les invertis ont le sens de la déconne… Malgré cet amas de clichés sirupeux parfumés à l’eau de rose, on en vient à regretter que Julia retrouve son con de mec pour un happy end tout ce qu’il y a de convenu et d’ennuyeux. Tant qu’à cultiver le vulgaire et le n’importe quoi, on aurait préféré que Brad regagne le coeur de sa maîtresse déguisé en drag-queen, histoire de perpétuer le souvenir de James, seul (petit) atout de ce film par ailleurs lamentable.