De « jeunesse dorée » il n’est pas vraiment question dans le film de Zaïda Ghorab-Volta puisque nos deux « héroïnes » sont issues d’un milieu défavorisé et habitent Colombes. Même si on est loin des beaux quartiers, le choix de ce titre n’a rien d’ironique ou de mensonger. C’est de manière littérale et poétique que l’expression est appréhendée par la réalisatrice, cette fameuse « jeunesse dorée » renvoie en effet à l’adolescence, à cet âge béni où l’on s’ouvre au monde, où tout semble possible. Une interprétation résolument optimiste à l’image de ce long métrage qui malgré un background socialement chargé se refuse avec une belle obstination à broyer du noir.

Au vu du quotidien de Gwénaëlle (Alexandra Jeudon) et d’Angéla (Alexandra Laflandre), il y a pourtant largement de quoi faire. Le père de la première est interné dans un hôpital psychiatrique, les parents de la seconde s’engueulent sans arrêt, et toutes deux vivent dans une terne cité. Mais ici pas de clichés misérabilistes sur la vie des banlieusards, plutôt une vision enjouée de deux amies pas vraiment gâtées par la vie et qui malgré tout en attendent beaucoup. Lauréates d’un « Projet Jeune », Gwénaëlle et Angéla partent le temps d’un été explorer la France. « Bye, bye Colombes », cette première échappée hors du cercle étroit de la banlieue ne sert heureusement pas de prétexte à une trop facile évasion. L’ailleurs rime avec même ; sur la route le duo photographie ce qu’il connaît le mieux, les cités. Des cités tout de même un peu particulières ; elles sont bâties en pleine campagne. Un concept aussi fascinant qu’absurde de constructions contre-nature. Difficilement identifiable, ni tout à fait rurale, ni tout à fait urbaine, cette France-là n’est jamais montrée à l’écran. Mais plus qu’à un portrait vériste de ce no man’s land, le film nous convie à une série de rencontres improvisées avec ses habitants. Curieuses de tout, les photographes en herbe discutent à tout va avec leurs sujets ou encore s’offrent une pause bucolique parmi les néo-ruraux en Ardèche. Portrait ensoleillé de deux ados et d’une France méconnue, Jeunesse dorée, loin des clichés, est un film particulièrement attachant.