3 zéros, c’est un peu retour vers le futur, ou comment racler les fonds de tiroir d’un passé récent (France 98) pour annoncer un avenir proche (Corée/Japon 2002). Dernier astre de la sinistre trilogie amorcée par Le Raid et Le Boulet, le film d’Onteniente, auteur du supra-révulsif Jet set, nous annonce la couleur : il n’est déjà plus question ici de football, mais d’industrie et de magouilles dont le seul objet serait de redéfinir les valeurs boursières du PSG, de TF1 et de Canal + réunis. Le parti-pris, s’il ne se limitait à une caricature opportuniste et complaisante, aurait pu surprendre : montrer non pas la façade d’un sport doré mais ses soubassements convulsifs et gerbatiques, sa propension à devenir, d’année en année, le simple reflet de dysfonctionnements internes incestueux et cannibales.

Le cynisme d’Onteniente est malheureusement trop ambigu pour cela : son film ressemble plus à une succession de pubs destroy et de répliques-marketing pour ne pas, très vite, se vautrer dans la fascination non feinte de ce qu’il fait mine de dénoncer. A l’actif de 3 zéros : son côté anti-PSG qui ridiculise un club dont la plupart des rouages sont contrefaits (histoire, fausse grandeur, pseudo-popularité construite de toutes pièces). Le PSG n’est pas le concurrent légitime de l’OM mais son adversaire programmé, industriel, une sorte d’usine à rêves aux allures de cauchemar jet set brinquebalant. 3 zéros est la preuve par l’inverse que le PSG n’existe pas. Pour le reste, rien de neuf à l’horizon : gags rancis, mise en scène de boucher, caméos consternants. Il faut voir surgir dans le plan Thierry Roland ou Pascal Praud, funestes clowns de Téléfoot, aux côtés d’artistes tels que Ronaldinho (sa scène de jonglage est évidemment la meilleure du film). Il faut voir, aussi, le dieu Raï attablé dans une boîte de nuit ou Jean-Pierre Papin apparaître timidement dans un coin d’écran.

Dans 3 zéros, pas de place pour le sport, pas de place pour le foot, sinon dans les terrains vagues d’Arpajon ou au travers d’une vague équipe féminine emportée par Isabelle Nanty. Là seulement perce un brin d’émotion. Tibor, le héros du film, incarne ici à merveille la place du sport : petit prodige trimballé de toute part et que l’on ne verra quasiment jamais jouer plus de deux plans successifs. Moins mauvais qu’à l’habitude (car presque muet), Lorant Deutsch est la seule surprise de 3 zéros. A défaut du titre du film, quasi-prophétique, qui résume à lui tout seul la situation de la comédie française post-Taxi : 0-1 (Le Raid), 0-2 (Le Boulet) et enfin 0-3 avec ce sombre navet. Défaite sur toute la ligne pour le cinéma populaire français.