Pour cette dix-huitième rencontre organisée par le Bürorama -association parrainée par le magasin WAVE (ambassade parisienne du label Les disques du soleil et de l’acier)-, la tête d’affiche du concert n’était autre que le « créateur sonore » du grand ensemble Dumb Type. Artistes mêlant performances, projections vidéo, musique et danse contemporaine durant leur représentation, ce collectif japonais mondialement connu fut dernièrement de passage dans la capitale, à l’occasion du festival d’Automne à Paris. Ryoji Ikeda a donc profité de cette opportunité pour nous donner un petit aperçu live de son travail personnel… Complément au spectacle de Dumb Type pour ceux ayant eu la chance d’y assister (trop peu de places pour une très forte demande), et lot de consolation non négligeable pour les autres, la prestation musicale du jeune compositeur fut pour le moins étonnante.

Après quelques minutes d’attente dans une salle pleine à craquer (où se tiennent habituellement certaines conférences du Musée d’Art moderne), le public a pu voir Ikeda arriver timidement et s’asseoir face à son ordinateur portable. Sans un bonjour, ou tout autre signe amical destiné à son audience, le japonais a directement démarré son set de musique électronique en appuyant sur le clavier. Quelques bruits sont alors sortis du power book : tout d’abord un léger « bip » se baladant mécaniquement dans les enclos de la stéréophonie, ensuite s’ajoutèrent quelques grésillements subtils, puis une haute fréquence difficilement perceptible…

Une fois le concert bien entamé, les sonorités et les structures commencent à être familières au spectateur. Malgré l’appellation « minimaliste » (ne reflétant ici que la construction musicale, rien d’autre), la musique de Ryoji Ikeda apparaît alors comme une véritable mine de richesses sonores, dont les charmes touchent bien plus que la perception auditive du public. Enivrés par cette berceuse de sons synthétiques, chacun savoure en restant immobile, fermant les yeux de temps à autres. En se déplaçant légèrement, pour une raison quelconque, on s’aperçoit subitement que les sonorités ne se perçoivent pas de la même manière selon notre position dans la salle. Le moindre changement d’inclinaison de la part du spectateur lui donne alors l’impression de moduler les fréquences, de les contrôler… Certains bougent alors la tête lentement, d’autres changent de place pour avoir un autre « angle d’écoute », et redécouvrent avec étonnement les agencements sonores qu’ils croyaient connaître quelques minutes plus tôt… Une expérience hors du commun, mais aussi, un argument de poids à balancer au visage des quelques puristes bornés, s’acharnant encore à soutenir que la musique électronique n’est pas faite pour le live…

La pièce live jouée par Ikeda à l’A.R.C. est tirée de son génial album « Time and space », disponible chez Staalplaat () et distribué par WAVE (Tél. 01 40 21 86 98)