La Bibliothèque nationale de France présente, jusqu’au 20 juin, une partie de l’immense fonds « Renaud-Barrault » qu’elle possède. Comment exposer 400 documents dans un souci de mise en scène, bien légitime lorsque l’on rend hommage à deux géants du théâtre ? C’est vraisemblablement la question que se sont posée Norbert Uzan et Etienne Lefrançois, scénographes de l’exposition. Question à laquelle ils répondent brillamment. Essentiellement consacrée à Jean-Louis Barrault, la visite débute par ses années d’apprentissage, que l’on découvre à travers un défilé d’images sur petit écran, des croquis de costumes de Marie-Hélène Dasté, des enregistrements de dialogues de films, des lettres, signées par exemple Antonin Artaud…

La grande richesse de cette exposition se trouve en effet dans la diversité des documents présentés. Lorsque l’on aborde l’année 1940, durant laquelle Jean-Louis Barrault entre à la Comédie Française, on quitte le « passage » des premières années pour pénétrer dans une vaste salle où se succèdent, dans un pêle-mêle très organisé, les expériences multiples, au sein des différents théâtres, du couple Madeleine Renaud / Jean-Louis Barrault. Un rideau rouge parcourt la pièce, le ton est donné. Les photos, les lettres, les contrats, les dessins et peintures n’apportent pas seulement des témoignages sur l’itinéraire de ces deux artistes, ils leur donnent vie. Pour preuve, cette belle idée des costumes qui semblent s’envoler par-dessus nos têtes pour venir se poser sur la scène.

Si le point fort de l’exposition est la variété de ses sources, il réside aussi dans leur mise en valeur. En effet, des images se succèdent sur petits ou grands écrans, des films-documents courts attisent la curiosité (notamment lorsque Barrault raconte les débuts de son amitié avec Paul Claudel), les projets de costumes sont signés aussi bien André Masson que Yves Saint-Laurent.
La monotonie semble avoir été le mot à bannir pour les scénographes de cette rétrospective, on ne peut que s’en réjouir !