Voici qui rappelle Marius & Jeannette de Guédiguian : Philippe Turc est artiste marseillais aux accents poétiques. Longtemps resté dans sa ville natale, il a erré sur les bords de Mare Nostrum, de la Turquie au Maroc. Aujourd’hui, à 35 ans, il s’aventure à Paris en proposant une série d’œuvres qui respire la fraîcheur phocéenne et vous replonge dans l’univers de l’Estaque.

Les traits comme les structures sont simples. Pas de métaphysique, ses messages en relief (Bleue, Orange…) ne s’adressent qu’à l’imaginaire. Au creux d’une calanque on est prêt à mettre son maillot de bain. Ses Poulpes vous embrassent d’éclats de voix, de jeux d’enfants et de pêcheurs attardés. Cette nappe à carreau posée sur un radeau qui supporte le chevalet du peintre et vogue à la surface de l’eau transforme Le Déjeuner sur l’herbe en pique-nique au bord de la mer. Terre cuite, sable, résine, ses matériaux rappellent le vieux port. Bien que caricaturale, sa poésie sent bon la bouillabaisse. Et si la Méditerranée est bien là, on tend parfois vers le mythe : Robur le conquérant et l’Ile d’Hélice font un clin d’œil à Jules Verne, alors que l’artiste entre deux âges penche, lui, pour le péplum.

En parallèle, les hommes sont passés à la loupe au travers d’un bocal à poissons. Nous, les poissons rouges, tournons en rond dans la ville, au travail, chez nous. Philippe Turc peint un quotidien d’animaux sans âme en quête de direction, de nourriture et d’espace ; « Comment sortir de la réalité ? » interpelle-t-il. Si, telles des fables, les drames sont adoucis, la vie reste dans ce bocal. Sans polémique, on se laisse séduire et convaincre. Hélas, il ne pousse pas jusqu’au bout de sa logique. Il aurait naturellement pu s’engager sur un sujet comme l’écologie mais le poète conteur en a décidé autrement.

Après ce moment de rêverie, que faire ? Les repères artistiques sont là : Matisse, bien sûr, Cézanne un peu, la Renaissance, lointaine. Ce Marseillais se réfère à Diogène, Louis-Ferdinand Céline mais aussi à de grands conteurs, de Jules Verne à Sergio Leone… Alors, poète, rêveur inspiré ou un peu mégalo ? Il se réfère également à Eluard, dont il peint les mots en couleur et en volume. Et si ce n’est pas un grand technicien, il a le mérite de simplement se faire entendre sans artifice. Alors, si vous revenez de vacances, si vous voulez partir en vacances, ou si vous souhaitez juste vous évader un instant de Paris, laissez-vous aller à la rêverie. Son message trouvera un écho en vous, sans que vous ne sombriez dans la mélancolie.