En ce début d’été, la galerie Lélia Mordoch incarne une enclave précieuse pour tous les Parisiens amoureux de vacances iodées. Jusqu’au 13 juillet, Loïc Hervé y a installé ses dernières sculptures dont il est allé chercher les formes au cœur de ses racines bretonnes. Granit, cuivre oxydé, bois, chambres à air, ses matériaux de prédilection composent des paysages, des maisons et des perspectives, comme cette petite maison de cuivre, frileusement posée tout au bout d’un rivage de bois mince, menacée par une houle stylisée. Les Bretons, complices, sauront décrypter les symboles cachés dans chacune des œuvres qui rappellent les traditions ancestrales, celles des marins et d’un terroir, et toute la mythologie celte.

Les trente-cinq pièces exposées à la galerie Lélia Mordoch témoignent des dernières recherches de Loïc Hervé qui, depuis quelques mois, se met à travailler de grandes pièces, toujours à partir de matériaux recyclés. En 1999 à Brest, le sculpteur avait proposé une exposition-concept intitulée La Passerelle, où des haches et des pioches violemment piquées, hérissaient le sol et les murs. Auparavant, il avait travaillé sur des radiographies dans Le Poids des choses, sur le caoutchouc, et s’était surtout consacré aux sculptures murales. De chacune de ses nombreuses expositions émanent les souvenirs de ses voyages à travers le monde. Dans Nord-West, le sculpteur incarne encore et toujours un passeur d’atmosphères, sinon de mondes, puisant son inspiration dans les contrastes entre les terres et les gens, entre les couleurs et les matières. Et si la galerie Lélia Mordoch s’intéresse d’aussi près à Loïc Hervé, c’est qu’elle trouve en son travail l’expression d’une quête artistique partagée par tous ses artistes : l’importance donnée au signe, à l’espace et au temps, mais aussi et surtout le ferme refus de la narration.