Disons-le tout de go, si on a bien rigolé au concert de Kiss, on se demandait bien ce qu’on faisait là. Pour se justifier, sachez que, fan du groupe à dix ans (c’était il y a vingt ans comme pour tous les mecs présents ce soir-là), on ne les avait jamais vus en concert. Ces cons ne venaient presque jamais en Europe parce que le show était soit disant trop lourd à transporter (seuls concerts : 1983, 1988, 1996 dans le line-up originel, comme cette année) ! Le problème, c’est que, depuis le temps, on avait décroché. Et c’est là que le bât blesse. Parce que beaucoup de nos congénères n’avaient pas évolué ; ils ont juste vieilli. Qui donc avait l’air le plus con, les guignols sur scène (on y revient) ou les 12 000 couillons avec leurs lunettes polarisées et leur T-shirts en quadrichromie (vous voyez le genre…) ? C’est que le concert oscillait vraiment entre l’à peu près bien (la 3D, répétitive mais vraiment 3D avec un tournage en direct d’où notre présence sur scène ;-)) et le pathétique (Paul Stanley, alias The Starchild, torse nu à la seconde chanson, comme Iggy Pop et trépignant les bras levés, comme Iggy Pop). Si on supporte encore Iggy, c’est peut-être parce qu’il n’est pas maquillé, mais c’est vrai que lui aussi…

Enfin bon, toujours est-il que le concert était tout ce que la presse nous avait conté depuis des lustres. Rien n’a changé en vingt-cinq ans (ou plus) : des bombes, des feux d’artifices, du feu (bleu et rouge !), une batterie qui s’envole avec Peter Criss (The Catman) dessus ; un chanteur qui s’envole aussi au dessus du public pour atterrir sur une plate-forme juste derrière nous (malin la place dans un coin tranquille !) avec tous les fans qui veulent lui toucher les plate-forme boots (et la teub, et la teub) et un guitariste (Space Ace Freley toujours alcoolisé ?!) qui nous gratifie d’un insupportable solo de dix minutes (mieux vaut alors réécouter les volumes Alive I et II).

Seul véritable excellent moment au milieu de tout ce fatras : égal à lui-même mais au top de sa forme, Gene Simmons, le bassiste et The Demon en personne, nous a offert un numéro extraordinaire venu d’outre-tombe et qui à lui seul rachète les mièvreries de ses copains (en dehors du toujours superbe Beth, chanté seul par Peter Criss en rappel). Dans un grondement de tonnerre, il s’est réveillé sanguinolent, a fait vrombir sa basse en forme de hache et s’est envolé (lui aussi décidément) pour nous péter les tympans avec God of thunder. Assurément du grand spectacle… pour pré-pubères américains !