Bienvenu dans le meilleur des mondes, « le monde magique de Dilbert, le monde du travail incompréhensible, des chefs de services incompétents, des experts totalement cyniques, des rivalités absurdes entre collègues idiots… » : ainsi est suggérée, en quatrième de couverture, l’entreprise fascinante dans laquelle évolue Dilbert, technicien anonyme d’une multinationale, employé compétent mais manquant singulièrement de courage pour s’opposer aux humiliations qu’il subi de la part de ses supérieurs hiérarchiques. Loser intégral, il n’en demeure pas moins « touchant », notamment par sa maladresse.
De petites saynètes irrésistibles (celle du prélèvement d’ADN sur les employés pour être sûr qu’ils ne nuisent pas au rendement de la société en dit assez long sur le totalitarisme de la « culture » d’entreprise) sur l’aliénation du travail se succèdent ainsi au fil des planches. N’en doutons pas, la réalité est bien pire. Et ici, les faits, malgré la cruauté de certaines situations, sont atténués.
Reste une question : le dossier de presse et le battage fait autour de cette publication (tous les grands médias se sont rués comme la misère sur le pauvre monde sur elle pour en faire l’éloge, donc la neutraliser). En participant intégralement à la société qu’il critique, Scott Adams serait-il devenu le nouveau gourou de salariés dont il espère pouvoir modifier le comportement (pas moins) ? On pouvait attendre plus de virulence de sa part, une radicalité extrême. Mais cela vient des Etats-Unis. Et là-bas, l’innocence…
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