Noëlle Herrenschmidt n’en est pas à son premier coup de crayon. Elle a déjà montré ses talents de chroniqueuse et de dessinatrice à maintes reprises. Récemment, lors du procès Papon, elle était chargée de restituer les audiences pour le journal Le Monde.
Cette fois, elle s’attaque à un autre gros morceau : la gendarmerie. Son principe a été de s’immerger dans le milieu qu’elle a décidé de « croquer » et elle ne se refuse à aucun sacrifice, même s’il lui faut suer sang et eau. Cette implication donne un résultat à la hauteur de ses efforts. Si vous rêviez de connaître la gendarmerie sous toutes les coutures, vous êtes largement comblés. Trois cents aquarelles rendent compte des différents aspects de ce corps de l’armée si mal connu du grand public. L’auteur ne manque pas de nous rappeler sur les pages de garde tous les clichés qui circulent dans l’esprit collectif : les gendarmes à Saint-Tropez, la définition donnée par Flaubert dans son Dictionnaire des idées reçues, les petites chansonnettes du début du siècle… Toute la mythologie est rassemblée. Noëlle Herrenschmidt entreprend un véritable parcours du combattant.
Elle a suivi tous les escadrons dans leur mission, elle s’est rendue en Bosnie, sur le Tour de France, a assisté aux missions de secours en haute montagne, a visité les laboratoires hyper-perfectionnés en matière de recherches scientifiques dans des affaires criminelles qui nécessitent de longues enquêtes, etc. Bref, elle s’est posée en observatrice minutieuse et attentive, et a su décrypter les codes, les règles de ces militaires au service de la population. L’image du gendarme embusqué derrière un arbre, scrutant la route goudronnée, à la recherche d’un automobiliste grisé par la vitesse, en prend un sacré coup. Pour les profanes, c’est l’occasion de découvrir un univers dur et contraignant, peuplé d’hommes et de femmes dont le sacrifice trouve son explication dans un mot : « vocation ».