Toujours dans la collection Mimolette -voir la critique des Genèses apocalyptiques de Trondheim-, une série de comics de l’incroyable riot-grrrl québecquoise Julie Doucet datant du début des nineties, déjà pré-publiée dans le fameux fanzine de Blanquet, Chacal Puant le bien nommé. Un bon gros délire crumbien dans lequel Monkey, une petite chatte à peine post-pubère, cousine plus ou moins éloignée de ce gros vicelard de Fritz The Cat, tombe en extase devant le pénis en érection de Living Dead Blacky, un chat euh… mort-vivant. S’ensuit une quête initiatique pour mettre la main sur le formidable instrument, au cours de laquelle la Sainte-Nitouche Monkey deviendra Gogo Dancer (!) dans un numéro érotique Lesbien (!!), dans un strip-bar délicatement baptisé le ClitoFun (!!!). Jusqu’au « gag » final : une éjac faciale bien cradoque et une castration à coup de moon boots. On nage en plein rose-bonbon… Comme Crumb, Doucet « tuera » sa créature quelques années plus tard, la pauvre Monkey finissant décapitée dans un accident de la circulation. Pourquoi faire sobre quand on peut faire gore ?
Plus glauque et absurde que le plus déjanté épisode de South Park, Monkey and the living dead préfigure le pendant autobiographico-fantasmatique du reste de l’œuvre de son auteur. Julie Doucet s’invite d’ailleurs déjà en guest-star pour un caméo largement dispensable quoique logique au vu de Ciboire de Criss et Changements d’adresse… Bref, tout ce fatras scato-hardporn serait sans doute terriblement flippant s’il n’était pas si drôle, à conditon d’être amateur de nonsense pipi-caca-foutre, très en vogue en ce moment outre-Atlantique. On précisera enfin que le dessin de Doucet est comme toujours admirablement maîtrisé, en totale adéquation avec les comics underground US tendance Raw qui semblent l’avoir influencée. Hautement recommandable, il va sans dire…