Or donc, on le sait désormais, la première « saison » -dans l’ordre chronologique de parution- de Donjon porte le doux nom de « Zénith ». Par opposition évidemment à la deuxième, « Crépuscule », mais aussi sans doute parce que c’est bien la plus lumineuse des trois séries, la plus drôle et la plus… maîtrisée. Sans parler de maturité, Donjon zénith a enfin trouvé son rythme de croisière, après un deuxième tome parfait. L’effet de surprise n’est donc plus de la partie, l’intrigue se laissant porter quasiment toute seule par les personnages et leurs actions, mais le plaisir des retrouvailles est bel et bien là.
Désormais chaque série porte la marque des trois auteurs associés : Potron-Minet, celle de Blain, Crépuscule, celle de Sfar, et Zénith, celle de Trondheim, ce qui n’est pas fait pour nous déplaire. La prépondérance de caractères trondheimesques privilégie le côté purement parodique et absurde alors que les deux autres séries se teintent d’ambiances de plus en plus crépusculaires. Dans La Princesse des barbares, c’est un quiproquo qui mène le jeu, à la suite d’une gaffe -une de plus- de l’infortuné canard Herbert, qui, pour renflouer les finances du Donjon et rameuter de nouveaux héros en mal d’exploits, décide de faire courir la rumeur qu’une princesse est retenue dans les profondeurs du château. Une idée qui aurait pu fonctionner à merveille si une princesse ne parcourait justement les dédales du Donjon pour se cacher d’un père désireux de la marier au plus vite avec le premier crétin venu. Un ressort comique plutôt efficace qui laisse moins de place aux interludes poétiques des volumes précédents mais qui déclenche une salve de gags franchement hilarants -notamment celui des poulets voyageurs expédiés aux quatre coins du pays de manière un peu… brutale, ou celui des trolls grignotant des nourrissons comme des amuse-gueule.
Un très bon cru, donc, qui vient à point après la relative déception ressentie à la lecture du premier tome de Potron-Minet (soit le tome -99 de la saga, vous suivez toujours ?). On manifestera juste une pointe d’inquiétude vis-à-vis du dessin, parfois légèrement bâclé dans certaines cases. Il serait dommage que la contrainte trois-albums-par-an soit appliquée au détriment de la qualité graphique -jusqu’ici constante- de la série.