Le binôme Trondheim & Sfar aurait-il trouvé un moyen de distordre le continuum spatio-temporel ? Rappelez-vous, on vous avait déjà parlé du premier opus de la série Donjon, il y a quelques mois. Eh bien le deuxième volume est déjà dans les bacs de votre libraire préféré ! Avant l’aube du second millénaire, il est fort à parier que Donjon sera déjà une saga ! L’aventure reprend donc là où on l’avait laissée, Herbert le canard ayant réintégré le donjon après avoir effectué sa première mission. Rien à faire, le malheureux est toujours aussi nul et son patron l’envoie chez un expert de l’art guerrier pour en faire un combattant un peu plus efficace. Accompagné de son fidèle Marvin, le dragon débonnaire, Herbert devra passer une série d’épreuves toutes plus loufoques les unes que les autres pour apprendre à se battre dignement.
Les légères réserves que nous avait inspiré l’épisode précédent ont ici quasiment disparu. Sfar et Trondheim ont trouvé le juste équilibre entre leurs deux personnalités pour créer un bestiaire étonnant et hilarant. Surtout, leur délire « nonsensique » ne connaît désormais aucune limite : le maître de guerre est un vieux sac à patates, Herbert et Marvin combattent un million (sic) de gobelins… à la plume… Et j’en passe… Le Roi de la bagarre est un bijou d’absurdité, comme on en voit rarement ici-bas. Avec son humour à froid et -osons le dire- ses moments de poésie pure (voir le beau personnage de Sonia la Géante ou l’épisode de la guerre des deux villages), ce second épisode installe pour de bon la série dans une position d’ovni délicieux et inhabituel dans la morne production française heroic-fantasy.