Mais qui est donc Jake Raynal ? Un agent du FBI relégué au deuxième sous-sol ? Le fils caché de Rod Serling ? Un des neveux de l’Oncle Paul ? L’auteur des Dingodossiers X ? Assuremment un peu tout ça, un être hybride, un monstre. Et plutôt doué avec ça !
D’inquiétantes « étrangetés » en vraies théories sur l’incident de Roswell, Combustion spontanée est une ballade dans les territoirres du bizarre, du paranormal. On peut alors penser à Bézian et son catalogue d’ectoplasmes : dans ces deux ouvrages, le même intérêt pour l’inexpliqué et la même noirceur du dessin dont les personnages, comme englués, semblent avoir du mal à se dépétrer. Mais ici le ton est totalement différent, on ne cherche pas à nous effrayer, on nous amuse. Raynal raconte de drôles d’histoires drôles. Pour autant, il est plus proche de Goossens que de Foerster, dans la mesure où il ne se limite pas à mettre en scène le fantastique de façon humorisitique. Il l’explique certes de façon tordue, mais avec des arguments à la fois pertinents et parfaitement inattaquables, faisant passer Pierre Bellemarre pour un charlot de premier ordre, c’est dire !

A lire ces quelques lignes, vous pourriez croire que Combustion spontanée est un album gentiment dans l’air du temps, léger et vite oublié ; alors détrompez-vous car ce premier volume, par la variété des thèmes abordés -à partir de ce que l’on pourrait qualifier de faits anecdotiques- réussit à marquer et intriguer le lecteur. En effet, l’intérêt de ce recueil ne se limite pas à un ésotérisme de supermarché assez savoureux, on y parle cinéma à l’occasion d’une relecture assez intéresssante de Un après-midi de chien, L’exorciste est aussi évoqué, on parle même du Titanic, sauf que là c’est peut-être involontaire. Car Jake Raynal n’est en aucune façon coupé des réalités du monde qui nous entourent. Il est très au fait des problèmes de nos sociétés contemporaines : la solitude et le manque de communication qui, selon lui, expliquent donc le syndrôme de Stockholm ; le malaise des grands patrons désarmés face au « présentéïsme » inactif ou encore les problèmes posés par la peine de mort, problèmes plus techniques que de conscience, il faut bien l’avouer.

Malgré quelques petites maladresses sur certaines chutes -le non-sens est un genre parfois délicat à domestiquer- cet album reste indéniablement au-dessus de la moyenne. Recommandez-le notamment à vos amis écrivains du dimanche qui ne sauraient comment débarrasser leur chef-d’œuvre d’un personnage finalement trop encombr… FROUTCH !!!

Pascal Salamito