Compositions et arrangements de Serge Lazarevitch.
Enregistré en février 1997 au studio Madeleine et mixé en avril 1997 par Daniel Léon.

Serge Lazarevitch (g), Matthieu Michel (tp), Maurice Magnoni (ss,ts,bcl), Philippe Aerts (b), Joèl Allouche (d).

Depuis qu’il a débarqué à Liège au début des années 80, le guitariste Serge Lazarevitch a mené une double carrière, partageant ses activités entre les scènes belge et française. Côté belge, on se souvient des deux albums enregistrés avec le pianiste Charles Loos et, côté français, de sa participation à l’Orchestre National de Jazz de Claude Barthélémy (ONJ 89/90 et Jack-Line ONJ 90/91) et au nouvel ONJ de Didier Levallet. Ce disque est le quatrième enregistré pour le label Igloo, quatre années après Walk with a lion qui fit une belle carrière. Disons le tout net : A few years later est une réussite, le genre de compact aux climats multiples où il fait bon s’amuser à rechercher les influences qui ont amené le musicien jusqu’à un tel degré d’éclectisme. Le jeu aéré de Bill Frisell par exemple, côtoyé lors d’un séjour au Berklee College of Music de Boston dans les années 70, a laissé son empreinte ici et là au hasard des plages. De même, celle des autres grands guitaristes modernes comme Mike Stern ou John Scofield est patente dans les titres plus énergiques comme l’excellent Sur l’autre rive au funk léger très efficace.

Plus étrange, un titre comme En avant !! rappelle certaines compositions de Ornette Coleman tandis que La pluie des mangues attrape les couleurs des musiques du monde. Mais qu’on ne se méprenne pas, la mixture est adroitement préparée et se révèle au bout du compte extrêmement digeste. D’autant plus que Lazarevitch, en la personne des musiciens helvétiques Maurice Magnoni et Matthieu Michel, s’est trouvé des sidemen à la hauteur de son talent. On s’en rendra compte, pour le premier, en écoutant ses interventions sur I’m scared (1). Quant au second, il faut entendre sur Fleur de lotus ou sur La pluie des mangues sa trompette surgir du néant, toute attaque gommée, et se fondre dans la mélodie en laissant sa trace comme un fleuve jaune dans un océan bleu. Avec le contrebassiste belge Philippe Aerts et le batteur français Joèl Allouche, on tient là un vrai groupe européen initié à la magie du jazz moderne. Leur musique, dont la séduction pourrait être jugée moins ambitieuse que celle de certains combos actuels, comporte pourtant assez de joliesses et d’invention pour se hisser à la hauteur de pas mal de productions récentes que l’on nous a balancées ces derniers temps avec la mention « chef d’œuvre ». Qu’on se le dise !