Comme d’habitude, on défriche ou on tire le rideau: voici le top Chro 2015, uniquement composé de saisons initiales ou finales. Fait notable, un brin de malhonnêteté nous amène à la présence d’un #10bis cette année (pour faire plaisir à Netflix, évidemment).

Top 10 de la rédaction

1. Mad Men

f28abfc9-6cd9-217b-8bc7-fd48dd3621a9_mm714-212. Hannibal

On n’a sans doute rien vu de plus sombre, onirique et d’expérimental que la flamboyante conclusion des aventures de Will et d’Hannibal. Bryan Fuller y emprunte la forme du conte de fée macabre (la traque d’Hannibal en italie) avant un brutal retour aux sources du genre polar (trouver le dragon rouge). Une sortie parfaite dont les dernières minutes d’une puissance mythologique et émotionnelle rare n’ont pas fini de nous hanter.

3. Mr Robot

Entre nihilisme 2.0 et complexe identitaire, Mr. Robot est assurément la surprise de l’année. La série oscille entre mélancolie et étude sociologique, le tout enrobé dans une esthétique visuelle aussi audacieuse que la narration. Rami Malek dégage une présence si magnétique qu’il en hypnotise l’audience. Après Pizzolatto et Hawley, Sam Esmail est le showrunner sur lequel il faudra compter dans les années à venir.

4. Sense8

L’air de rien, les Wachowski signent avec Sense8 une série d’une ambition narrative non seulement sidérante (un chassé croisé vertigineux entre huit personnages connectés mentalement), mais aussi leur projet le plus personnel. Miracle de mise en scène et de montage permanent (pas de direction artistique chichiteuse ici, on est devant une oeuvre de cinéastes), cette relecture de Cloud Atlas (en mieux) déplace la culture pop hybride de Matrix, vers un territoire plus concret et proche de nous dans ses enjeux humanistes, politiques et philosophiques. Co-écrite par J. Michael Straczynski (Babylon 5), la première saison de Sense8 est un manifeste éblouissant, intense, drôle et sensible pour la liberté d’être et d’aimer. L’antidote radicale contre une époque de droite.

5. Show me a Hero

Show Me a Hero c’est d’abord le retour de David Simon après Treme et avant The Deuce, téléfilm prévu pour 2016. Suivant la descente aux enfers de Nick Wasicsko, plus jeune maire américain lors de son élection en 1987 à Yonkers, dans l’état de New York, cette mini-série HBO mise en scène par Paul Haggis (Collision) a des airs de Sidney Lumet. Des airs seulement, car si la série fait des étincelles dans sa description éprouvante des rouages politico-juridiques et d’un racisme larvé (avec son fauteuil, Wasicsko hérite d’un dossier explosif : la construction d’HLM imposés par l’Etat et rejetés violemment par les habitants, tous blancs), elle peine un peu dans sa volonté de donner une voix aux laissés pour compte. Un souci de pédagogie et d’éthique qui n’entame toutefois pas un constat ravageur et éclairant, mené par un Oscar Isaac fascinant de fragilité.

6. Bosch

En adaptant d’emblée trois romans de la plus célèbre série de Michael Connelly, Bosch affiche dès sa première saison l’assurance et l’efficacité des meilleures séries policières. En parvenant à saisir le zeitgest de son héros – se concentrer sur l’aspect procédural d’enquêtes au long cours tout en retranscrivant le danger teinté de noire poésie urbaine de la Cité des Anges selon Connelly – Bosch s’impose comme une nouvelle valeur sûre du genre.

7. The Man in the High Castle

Et si les forces de l’axe avaient gagné la seconde guerre mondiale et s’étaient partagés les Etats-Unis ? Et si pendant cette double occupation japonaise et nazie, un mystérieux résistant diffusait des bobines de films en provenance du monde tel que nous le connaissons ? Sans doute un peu scolaire et moins inspirée que son matériau d’origine, l’adaptation (réputée impossible) du best seller uchronique de Philip K. Dick représente néanmoins une belle réussite en passant notamment par un inattendu traitement soap.  

8. Le Bureau des Légendes

Pendant qu’Homeland s’égare dans un manichéisme touchant de naïveté, c’est Canal+ qui assure le renouveau du genre avec un Bureau des Légendes bluffant de sobriété et de maîtrise. Eric Rochant nous emmène au coeur du Bureau des Légendes, département de la DGSE où de véritables artisans de l’espionnage agissent aussi bien au Moyen-Orient qu’en plein coeur de Paris. Tout en intériorité et maîtrisant son tempo à la perfection, la série reprend brillamment le flambeau de l’extraordinaire première saison de Homeland.

9. Deutschland 83

Loin des leçons académiques, la guerre froide est revisitée par le prisme de la pop culture. D’un ton léger en apparence, la série façonne une autre vision de ce qui fut un des pans les plus complexes de l’histoire du XXème siècle. Au-delà de l’aspect purement chronique, Deutschland 83 est surtout une franche réussite en terme de narration captivante.

10. Flesh & Bone

Pleine de noirceur, d’auto-destruction et de violence aussi bien physique que psychologique, Flesh & Bone n’est pas la série la plus sympathique qui soit. En se concentrant sur ses personnages usés, désabusés et leurs excès, la série sait se faire addictive en nous posant une question aux allures de leitmotiv funeste : jusqu’où iront-ils ? Sans être révolutionnaire, Flesh & Bone se contente (et c’est déjà beaucoup) de jouer à merveille sa sombre et délicate partition.

10bis. Master of None

Après plusieurs tentatives infructueuses, Netflix trouve enfin sa série comique de référence avec Master of None, ersatz (bien moins subversif) de Louie version “L’Amérique, tu l’aimes ou tu la quittes”. Aziz Ansari impose un univers très personnel et plein de nostalgie, bourré de références (parfois balourdes) et dépeint les tribulations d’un acteur comique/galérien bien moins dépressif que son homologue de FX. Au final, quelques pépites d’inventivité kitsch parsèment une saison maîtrisée et solide.


Top rédacteurs :

Hossein Adibi

  1. Mad Men
  2. Master of None
  3. Deutschland 83
  4. The Man in the High Castle
  5. Le Bureau des Légendes
  6. Red Oaks
  7. UnReal
  8. Bosch
  9. Show me a Hero
  10. Mr Robot

Nicolas Laquerrière

  1. True Detective
  2. Bosch
    3. Gomorra
    4. Flesh & Bone
    5. Hannibal
    6. Red Oaks
    7. Black Dynamite
    8. Limitless
    9. Crazy Ex Girlfriend
    10. 12 Monkeys

Cyril Lener

  1. Mr Robot
    2. Hannibal
    3. Sense8
    4. Wayward Pines
    5. Unbreakable Kimmy Schmidt
    6. Flesh & Bone
    7. Man Seeking Woman
    8. Master of None
    9. Better Call Saul
    10. Mad Men

Arnaud Boissel

  1. Mad Men S7
    2. Mr Robot
    3. Show me a Hero
    4. Hannibal S3
    5. Better Call Saul
    6. Le Bureau des Légendes
    7. The Man in the High Castle
    8. Man Seeking Woman
    9. Deutschland 83
    10. Sense8

Jérôme Dittmar

  1. Sense8
  2. The Last Kingdom
  3. Show Me a Hero
  4. Narcos
  5. Les Revenants
  6. Bosch
  7. Louie 
  8. The Man in the High Castle
    9. Deutschland 83

22 COMMENTAIRES

  1. oh si, la saison 2 est encore plus majestueuse que la première qui était dans notre top 3 l’année dernière- mais comme indiqué notre règle est de ne classer que des séries dont c’est la première ou dernière saison, dura lex sed lex

  2. j’ai trouvé cette oeuvre tout à fait mineure bien que plaisante à regarder à l’occasion; un seul épisode (le 7 de mémoire), sorte de fantasme onirique rappelant Fellini, se détachait du soap un brin sophistiqué qui occupe le gros de la saison

  3. Hormis le côté sulfureux de l’inceste frère/soeur et le joli générique de début, c’est du concentré de caricature. Si ça avait été développé et affiné sur deux ou trois saisons passe encore, mais là…

  4. Complètement d’accord concernant « Hannibal ». Une série baroque et barrée d’une audace hallucinante. Tellement audacieuse, d’ailleurs, que le network mainstream qui le diffusait (NBC) a décidé de l’arrêter après trois saisons. Vraiment dommage !

  5. Dany Lorem j’ai ignoré les points pour TD dans le classement mag (sinon TD rentrait dans les 10) – même si Nicolas a essayé de vendre les rumeurs d’annulation de la série (et le fait qu’une S3 n’a toujours pas été annoncée)

  6. bah oui mais comme le parti pris du top est de classer des saisons initiales en défrichant et en décelant des potentiels, c’est pas évident d’avoir le développement de 3 saisons dans des premières saisons ¯_(ツ)_/¯

  7. « Comme d’habitude, on défriche ou on tire le rideau: voici le top Chro 2015, uniquement composé de saisons initiales ou finales » < C'EST LA PREMIÈRE PHRASE DE L'ARTICLE

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