Après une première saison plutôt confidentielle mais néanmoins bien accueillie par la critique, Looking reprend du service sur Canal + Séries à partir du 24 mai dans un diptyque logique avec Girls (HBO a aussi diffusé plus tôt dans l’année les deux dramédies ensemble le dimanche soir). Pat, Agustín et Dom, le trio d’amis homosexuels en quête d’amour et de bonheur dans un San Francisco poétique, vivaient de nouvelles expériences amoureuses et sexuelles. Dans cette seconde saison, les trois hommes vont faire face à la question de l’engagement, chacun le gérant à sa façon. L’amour et l’énorme prise de risque qu’il représente sont au coeur des différents arcs narratifs. Habitué des coups d’un soir avec de jeunes hommes interchangeables, Dom, désormais en couple libre avec Lynn (Scott Bakula, tellement plus intéressant ici que dans NCIS New Orleans), va devoir passer outre sa peur panique de l’engagement, et s’ouvrir à son compagnon pour avancer. Agustín, l’ex auto-destructeur sur la voie de la rédemption, s’accorde un peu de répit et s’autorise une relation plus douce, qui semble l’apaiser.

Aidée par la sublime lumière rasante de San Francisco et des plans qui semblent passés sous des filtres Instagram, la série prend des airs de rom-com. La quasi-totalité des tranches de vie qui défilent sous nos yeux concerne l’avancement des relations amoureuses des protagonistes, ou les réflexions qui en découlent. Personnage central du show, adorablement maladroit, propret mais sexy, Pat est l’archétype du héros de rom-com, une Carrie Bradshaw gay. Toujours tiraillé entre son ex Richie et son boss Kevin, le jeune homme va devoir faire des choix, qui équivalent à des sauts dans le vide pour lui. Se livrer à l’autre, c’est aussi accepter de souffrir si tout ne se passe pas comme prévu. Tous les personnages de la série, même celui de Doris, la seule femme du cast, sont confrontés à ces questionnements à la fois banals et incontournables. La série aborde aussi le thème de l’amitié. Dans une des plus belles scènes de la saison 2, Doris se dispute violemment avec Dom, son “BFF”, réalisant que leur relation fusionnelle les handicape au final tous les deux, au point de les empêcher de grandir.

Série anecdotique diront certains, mais pas tant que ça en fait, Looking a la faculté d’évoquer avec simplicité et sincérité les grands questionnements de la vie des trentenaires. Si certains sujets évoqués – la peur du SIDA, les relations libres, la détresse des jeunes LGBT – rappellent son ADN gay, elle réussit à toucher à l’universel, intéressant aussi bien les homos que les hétéros. Elle banalise – et c’est un compliment – la présence de personnages gays à la télé. On pourra lui reprocher sa boboisation rampante, ses personnages trop beaux et parfois trop lisses, surtout après avoir vu la petite bombe Cucumber / Banana. A l’opposé d’une série dans l’action comme Queer as Folk, Looking donne davantage dans l’introspection. La communauté gay se retrouvera sans doute plus dans des shows comme Cucumber ou Queer, qui mettent en scène des personnages de classes sociales différentes, vivant leur homosexualité de façon plus cash et moins hétéronormée que dans Looking. C’est peut-être ce qui a perdu la série, annulée après deux petites saisons et des audiences en chute libre (moins de 300 000 téléspectateurs par épisode). Que les aficionados se rassurent : HBO va proposer un téléfilm de conclusion digne de ce nom pour dire au revoir à Pat & co.