Diffusée dans la case estivale de la FOX et conçue par Chris Morgan, scénariste des derniers Fast & Furious célébrés pour tout sauf leur script, Gang Related, vendue (à tort) comme un sous-The Shield 2.0, ne débutait pas sous les meilleurs auspices. Il est vrai que cette histoire de flic de l’unité anti-gang d’élite de Los Angeles qui se trouve être le fils adoptif slash indic de l’un des parrains du crime local ne brille pas forcément par sa volonté d’innover. C’est en traitant son pitch avec un respect énorme pour le genre que la série a su dévoiler ses atouts, au confluent des Infiltrés et des univers d’un David Ayer sous ecstasy (scénariste de Training Day et des oubliables Au Bout de la Nuit et End of Watch).

Ce qui frappe de prime abord dans Gang Related, c’est sa diversité. Rarement une chaîne de network n’aura aussi naturellement et brillamment mis en avant les origines diverses de son casting et la culture profondément cosmopolite de la ville qu’elle dépeint. Gang Related est l’une des rares séries actuelles qui n’hésite pas à ne montrer que deux ou trois personnages blancs à l’écran, et où de longues plages de dialogues se font en langue étrangère (de l’espagnol au coréen en passant par le russe) sans que cela sente l’affirmative action. Le spectateur assidu de HBO ne sera pas surpris, mais c’est un pas en avant plutôt rafraîchissant de la part d’une network comme la FOX.

L’autre grande qualité de la série réside dans son approche décomplexée de son sujet (les affrontements LAPD/gangs renvoient autant à GTA Online qu’au Call of Duty des grands jours) et dans sa peinture relativement crue et violente (et pourtant encore à mille lieues de la réalité) du mode de vie (et de mort) des gangbangers angelenos. A intervalles réguliers et sans tomber dans la complaisance d’un Game of Thrones, la série se réserve des débordements gores (un homme cherche à ramasser les yeux qu’on lui a au préalable arrachés) ou franchement malsains (un épisode tourne autour d’un réseau de femmes vouées à être indéfiniment mises enceintes afin de revendre leurs bébés au marché noir). En mêlant adroitement les velléités badass et bourrines de la série à un relatif réalisme, la patte du producteur-réalisateur Allen Hughes (Menace II Society, Dead Presidents) se fait sentir pour un résultat du meilleur effet.

Ecrite avec rigueur et honnêteté (le public n’est pas pris pour un idiot), la série souffre parfois de cette qualité, rendant certains de ses rebondissements anti-spectaculaires car trop attendus, payant ainsi le prix d’une logique inéluctable. En revanche, le jusqu’au boutisme et la volonté de n’épargner aucun des personnages pris dans cette guerre contre (ou pour) le crime (sans pour autant tomber dans du mélo éthylico-moustachu à la Marchal) imposent Gang Related comme une série B burnée et un divertissement d’une efficacité redoutable, jusqu’à un season finale de haute volée redistribuant brillamment les cartes pour une suite s’annonçant dantesque.