La série About a Boy est une relecture très sage du film Pour un garçon, qui était déjà une version légèrement édulcorée du best seller de Nick Hornby. Exit la mère dépressive et suicidaire et la multitude de couches des personnages pour offrir une version ultra propre et family friendly où rien ne dépasse de l’univers de l’auteur (qui n’a pourtant rien d’un Bret Easton Ellis ou d’un Houellebecq). Transposée à San Francisco dans une sorte d’univers parallèle totalement factice, la vision de quelques épisodes d’About a Boy  fait se poser la question : what’s the point ?

En effet, Jason Katims (Friday Night Lights) au poste de showrunner laissait espérer une série douce amère proche de l’oeuvre d’origine aussi bien dans le ton que dans l’univers, mais il n’en est rien. Tous les aspects sociaux du roman sont évacués et la profondeur des personnages est passée du niveau d’un bassin de plongée à celle d’un pédiluve. Les personnages se contentent d’être là et de rejouer des scènes du film ou du livre, parce que nous sommes quand même dans une adaptation de ces deux œuvres, mais dans des versions remises au goût du jour et clean comme des albums de rap où les gros mots sont censurés. De la tonalité douce amère, il ne reste que la douceur d’une poignée de bonbons presque écoeurants; si le résultat est amusant, mignon et très bien joué, l’absence d’audace scénaristique empêche la série de prendre de la hauteur.

Quand des sitcoms comme Seinfeld, Community ou même How I Met Your Mother ont tenté (avec plus ou moins de réussite) de repousser les limites de leur format, About a Boy se contente de sagement appliquer sa formule ad nauseam chaque semaine. Will, l’éternel adulescent riche et séducteur, nous rappelle à chaque épisode qu’il ne vit que pour passer du bon temps (sans jamais remettre en question, à l’inverse du roman ou du film, la vacuité d’une telle existence). Une fois la première coupure pub (soit le premier acte) passée, il abandonne Marcus, son jeune voisin et ami, pour une raison x ou y, lui préférant une fête ou la compagnie d’une jeune femme (belle selon les canons de la NBC mais superficielle et bête comme on nous le rappelle souvent) avec qui il est à deux doigts de coucher… Mais heureusement, il réalise commodément lors du troisième acte que ce qu’il fait n’est pas très moral et vole alors au secours de Marcus pour s’excuser auprès de lui et de sa mère (devenue une hippie happy go lucky) en laissant entendre qu’il a changé et qu’il ne le refera plus. Malheureusement, Will, sans doute affligé d’une malédiction kafkaïenne, refait tout pareil dès l’épisode suivant. Les intrigues secondaires sont au diapason et amènent à penser que le mot « évolution » est un tabou de la writers room de la série. C’est ainsi qu’après chaque épisode, on en vient naturellement à se demander, malgré les vingt sympathiques minutes passées devant la série : what’s the point ?

La « marque » About a Boy (un roman vieux d’une quinzaine d’années et un film sorti il y a plus de dix ans) est-elle si juteuse qu’il faut en presser à ce point, presque absurde, une nouvelle adaptation lorsqu’il aurait été aisé de créer un postulat de départ et des personnages originaux ? Rien n’est moins sûr et tout concourt à faire de cette comédie, pas si désagréable que cela il faut le rappeler, une lubie de producteurs ou de chaîne à la recherche, avec des années de retard, d’un ersatz de Two and a Half Men…