Le titre racoleur fait agence de tourisme. L’exposition présentée à l’Institut du monde arabe est pourtant très éloignée des idées reçues et des simplifications tendance tour-opérator. L’entreprise est immense et généreuse : déblayer le terrain de la préhistoire et de l’histoire du Yémen jusqu’à l’ère de l’Égire (632). Il s’agit d’une présentation exhaustive de cette contrée mystérieuse dans ses aspects géographiques, démographiques et surtout politiques et artistiques.

Le Yémen, le pays du café Moka, est mystérieux par excellence. Le tourisme y est rare, (les touristes séquestrés par des bandes rebelles font l’actualité épisodiquement) et les troubles politiques sporadiques le secouent régulièrement. Dans le passé récent, l’existence de deux Yémen (la réunification date de 1990) ne favorisait pas la recherche historique. Des équipes d’archéologues occidentaux y ont travaillé dans les années 70. Expulsion. Les fouilles sont bientôt recouvertes par les sables du désert.

Il reste que le département des Antiquités d’Aden conserve quelques joyaux de l’époque faste de ce pays, du temps de l’Arabie heureuse et de la reine de Saba. L’existence de cette reine est encore mythique : elle rend visite à Salomon dans l’Ancien testament, mais aucun vestige n’atteste sa vérité historique. Quoiqu’il en soit, les sculptures du premier millénaire avant notre ère parlent d’elles-mêmes par leur qualité et leur grâce. C’est la découverte de la ville archéologique de Ma’rib il y a une trentaine d’années qui permet de mieux cerner la culture pré-islamique de cette terre. Grande cité caravanière, elle connaît son apogée entre le premier millénaire avant Christ et environ 500 de notre ère. La culture sabéenne atteint l’excellence de son savoir-vivre.

L’exposition n’est pas que didactique, elle sait également faire rêver. C’est à une très belle découverte que nous convie l’IMA.

IMA (Institut du monde arabe). 1, rue des Fossés-St-Bernard à Paris 5e.
Jusqu’au 28 février 1998.