Parler de notre langage par le biais de la syntaxe scénographique et de l’expression plastique, c’est ce que proposent deux expositions qui vont mettre vos mots dans tous les sens. Tu parles !? -exposition-spectacle- déroule sur deux étages du musée d’Art contemporain de Lyon un parcours ludique et interactif autour de la langue française et de la francophonie. Son commissaire, Benoît Peeters, ne nous parle pas de la langue française mais des langues françaises, celles que l’on parle dans plus de cinquante pays du monde entier ; le public peut approcher la langue française, la toucher, l’étudier, s’en étonner, la découvrir et s’en investir.
Une exposition interactive grand public qui permet de réunir simultanément les visiteurs de Lyon, de Bruxelles, de Dakar et de Québec puisque Tu parles !? se décline dans quatre pays du monde francophone. La scénographie de Philippe Délis est exceptionnelle ; loin d’être une exposition didactique qui pourrait faire renaître en nous d’anciens souvenirs angoissants d’encre et de pupitres, elle est au contraire un témoignage vivace et inventif d’un français en perpétuelle évolution. Réel parcours, cette exposition se déroule en quatre temps.

Le premier espace, Apprentissages, donne naissance à la langue. Les mots quittent petit à petit le chaos originel de Babel pour rejoindre le monde du sens et de la clarté Puis, c’est le temps de la transgression : langue verte, graffitis, argots et verlans sont à l’honneur. Après une halte à la cour des Contes, dans laquelle un baobab chaleureux et accueillant vous raconte des histoires, vous entrez dans le second espace consacré à l’évolution de la langue, ou Histoires : des pages de dictionnaires géantes relatent les grandes dates et le parcours des mots. Puis, dans le troisième espace, Les Francophonies, vous pourrez dialoguer avec des quidams francophones du monde entier. Conversations cybernétiques. Des projections de films-reportages viennent agrémenter notre hystérie verbale : rencontres entre coiffeur de Dakar et coiffeur d’une banlieue de Paris, témoignages d’amoureux de la langue de la rue ou bien de celle de l’Académie. Enfin, c’est avec les mots à la bouche que nous terminons cette exposition bavarde dans un dernier espace, les Créations, dans lequel les visiteurs des quatre expositions peuvent se rencontrer dans des décors en images de synthèse et dialoguer. Ils sont alors de vrais acteurs d’un livre qui s’écrit en parlant.

En parallèle à cette exposition, Comment va ta vache ? présente l’ensemble de la collection Van Lierde dans une scénographie désarticulée et scientifiquement désordonnée. Travaux d’artistes contemporains qui ont mis eux aussi un peu de piment verbal dans leurs œuvres sous l’influence du mouvement Fluxus : Ben, George Brecht, Marcel Broodthaers et Robert Filiou sont en scène. Utilisation et réflexion sur le langage, puzzles linguistiques dans des expériences plastiques. On y croise notamment deux œuvres récentes de Ben, la Tour de Babel (1990), qui traite de la langue et des interprétations diverses qu’elle apporte, et Il n’y a pas de centre du monde (1995), vaste tableau évoquant entre autres choses la pluralité sémantique de la langue.

L’ensemble des œuvres présentées a pour point commun la réflexion sur les apports de la langue dans la création. Une série de conférences sur les thèmes du français et de la francophonie est proposée : universitaires, linguistes, artistes, écrivains nous diront « de quels mots ils se chauffent ». Un point de ludisme, une virgule d’instruction, un crochet d’interactivité, deux points de création scénographique et trois petits points…