Difficile de se faire une place dans le « merdier » Big-Beat… Entre les tentatives crossover des Chemical Brothers, les délires punkoïdes piercés nazifiants de Prodigy, et les sautillements groovy rigolo de Bentley Rhythm Ace, les Propellerheads ont trouvé leur voie : du John Barry cuisiné techno… C’est donc avec un premier album James Bondien qu’ils se sont imposé sur une scène déjà saturée et dans un genre qui s’est fait piquer sa place de « Musique du Prochain Millénaire » par la Drum’n’Bass (nettement plus intello que cette musique de bourrins n’est-ce-pas, mais pas de panique l’année prochaine ce sera autre chose…)…
Reste à se forger une personnalité en concert… Option choisie : je te refais l’album sur scène, de toutes façons il est bon et les gens seront contents… Minimum syndical quoi. Heureusement les deux compères ne se contentent pas de passer leurs mixages : il y a une batterie, une basse et un orgue Hammond malmené une ou deux fois pour laisser penser à une variation, voire à une impro…

Alléchée par une première partie intéressante, soit DJ Touch qui nous fait goûter un remix dance du déjà savoureux Magic Piper (Of Love) d’Edwyn Collins, quoique visuellement aussi fascinante à regarder qu’un type qui range ses disques, la salle semble préserver ses forces pour tout casser sur les Cuivres’n’Bass des Propellerheads… Erreur : le public est plutôt mou, et la fosse ressemble à un salon de thé organisant un concours de bridge… Il faut dire que la moyenne d’âge est plutôt élevée, et on finit par se demander si tous ces vieux tas sont vraiment représentatifs de l’audience des Propeller ou si simplement toute la rédaction de Rock & Folk s’était donné rendez-vous à l’Élysée-Montmartre…

Reste l’efficacité des morceaux : Take California, Spybreak, ou Bang On! donnent irrésistiblement l’envie de se remuer le postérieur, mais le groupe peine à insuffler une véritable ardeur à leur retranscription live… Le jeu de scène est bien rodé : il y a le petit rigolo (Alex Giffords) et le ténébreux impassible (Will White), mais au bout d’un set très/trop court et après un rappel téléphoné, on reste sur sa faim… Eh ! Revenez, vous n’avez même pas fait History Repeating !!!