Vous êtes-vous déjà retrouvé enfermé dehors ? L’installation de verre que présente Pascal Pinaud chez Nathalie Obadia devrait vous rappeler cette sensation, à ceci près que l’espace autour duquel vous tournerez sans pouvoir y pénétrer se trouve dans la galerie. Ce peintre a choisi d’exposer à l’intérieur d’une serre vingt travaux sur papier dont on peut aussi voir le verso en fac-similé réduit noir et blanc. L’ensemble ne peut être saisi d’un seul coup d’œil puisque la cage de verre contraint à se déplacer autour d’un centre inaccessible et à observer de biais les dessins suspendus dans la serre. Comme son nom l’indique, cet espace sert aussi d’expérimentation à l’artiste puisqu’il le considère comme un lieu de fertilité et de croissance pour ses tableaux.

Les travaux exposés répondent à autant de pratiques de la peinture que Pascal Pinaud développe depuis plusieurs années. Certains sont des déchets de logos publicitaires, d’autres des test’art -ces testeurs de couleurs de carrossiers-, les autres montrent des yeux de perdrix, le mot Technique dilué dans du white spirit, un pseudo plan d’architecture, une pizza Pino, une feuille recouverte d’une goutte de peinture par jour, un kebab à vœux, et le projet de cette serre. Quelques-uns sont réalisés en photo (un Test’art est accroché dans le bureau de la galerie) mais les autres peuvent rester à l’état de graine. Comme chacun d’eux incarne un geste possible de peintre, ils conservent leur autonomie. La serre réunit ainsi des travaux réalisés en cinq mois qui se répondent tant dans la forme que dans la tonalité de couleur.

Mais la véritable unité réside dans la pratique constante de la peinture de Pascal Pinaud. Il travaille régulièrement avec les rebuts industriels de la peinture (bombes de couleur des carrossiers), avec les arts dits mineurs (marqueterie, canevas, couture), ou encore avec le graphisme de la publicité, tout en articulant ces domaines d’application à des références artistiques. Ainsi l’espace de verre peut-il être vu comme une serre mais aussi comme un cube minimaliste, les dessins comme des agencements décoratifs mais aussi comme une référence aux grands noms de la peinture actuelle (Lasker, Halley, etc.).

La diversité des actes de peinture et la conception de cet espace d’exposition permettent à Pascal Pinaud de ne pas figer sa pratique dans une manière. En puisant ses gestes dans le savoir-faire de la peinture, et dans son histoire, il s’est inventé un ressort infini.