Il est d’abord difficile de repérer le musée lui-même lorsque l’on est sur les quais de Sète : l’enseigne bleue au-dessus des portes vitrées de l’entrée peut se confondre avec celle d’une poissonnerie ou d’un magasin d’articles de pêche. Est-ce le fait de la proximité d’un canal et des bateaux ? Des dauphins bleus sur l’enseigne ? Certainement ; mais il est également remarquable de constater à quel point l’enseigne ne se remarque justement pas ! Et cela n’est pas anecdotique car nous sommes bien au musée des arts modestes et tout, dans ce lieu, rivalise de modestie. L’architecture est celle d’un immeuble tout à fait commun qui a connu différentes fonctions (logement, chai, entrepôt puis magasin de meubles) et qui n’a été que très modestement remis aux normes par Patrick Bouchain (à l’origine, entre autres, du Magasin grenoblois ou du Lieu unique nantais).

Si, à l’évidence, tout demeure modeste dans ce musée (jusqu’au prix et jusqu’à la volonté de ne pas posséder de boutique du musée ou de café – un distributeur remplace ce dernier), il n’en reste pas moins que la notion « d’art modeste » est difficile à définir, et même à saisir. On s’accorde à situer tous ces objets dans un territoire nouveau qui côtoierait de très près les arts singuliers, naïfs et populaires ; et on leur ajouterait bien également une part de quotidien que l’on irait chercher dans le domaine des arts décoratifs ou industriels. Il semble, au final, que ces objets soient devenus de l’art parce qu’ils ont été collectionnés. Ce n’est pas tant le fait d’être exposés (comme c’est le cas pour les ready-made de Duchamp) que celui d’avoir attiré l’attention de collectionneurs. Ces pièces ont peut-être plus de qualités affectives que plastiques. Et c’est pour cela que le visiteur s’y retrouve tant. Qui ne conserve pas une « jolie » boîte en carton dans laquelle étaient vendus des biscuits, en supermarché ?

Plus sérieusement, l’exposition temporaire, Fait maison, a su associer de vraies interrogations d’artistes à beaucoup de fantaisie ; ainsi, l’art actuel s’ouvre à tous les publics. Le principe est la visite d’une maison témoin possédant cuisine, salle de séjour, chambres d’enfant et des parents. Chaque pièce est aménagée et si certains visiteurs voient du mauvais goût dans nombre d’installations (un exemple : ce congélateur qui renferme un cadavre), on peut également y lire des préoccupations et expériences d’artistes. En cela la chambre d’enfants est réussie car elle devient à elle seule un concentré de l’exposition scandale de Bordeaux Présumés innocents qui s’attachait à établir des liens entre l’enfance et la création actuelle.

Tout le musée est à cette image : chaque installation, chaque vitrine est à la fois très facile d’accès et favorisant des commentaires puisque touchant à la mémoire intime mais peut aussi sans problème se soumettre à une relecture et à un approfondissement. Cela est certainement le propre de toute œuvre d’art. La modestie doit donc se trouver dans ce petit quelque chose qui s’adapte à la sensibilité de chacun et permet à tous d’établir une « conversation » avec les créations.