Un petit mot avant de commencer : c’est Morphine qui était programmé ce soir-là à la place de Muse. Malheureusement, le décès du chanteur Mark Sandmann, une semaine auparavant, est venu attrister ce début d’été. Ce n’est donc pas en indécrottable drogué de cette bonne dope qu’est le rock (mais un peu aussi pour rendre hommage à Morphine) qu’on s’est dirigé préalablement rafraîchi dans l’insupportable étuve du New Morning pour écouter Muse, le nouveau buzz en devenir outre-Manche. Les trois jeunes Anglais en formation classique (guitare-chant, basse, batterie) y donnaient là leur premier mini-concert en France : sans album sorti et diffusé fièrement par Oui FM (la radio de Virgin).
Une heure et des brouettes après le set, le sentiment sur Muse est partagé… Pour faire vite et académique, deux hypothèses s’offrent à nous :
1 – Soit on considère que l’Angleterre est une terre fertile dès lors que Radiohead n’est pas un phénomène unique et isolé. Affirmons haut et fort ici que Muse (ou Ben & Jason) est un produit naturel issu de leur milieu.
2 – Soit on prend l’hypothèse que Radiohead est Radiohead et point barre. Dans ce cas, Muse a intérêt de changer de manager ou bien à surpasser les maîtres.

En conclusion, ils ont intérêt à assurer s’ils ne veulent pas devenir les The Essence de Radiohead (qui se souvient de The Essence, le groupe hollandais qui était la copie conforme de Cure ?). Une chose est cependant acquise, c’est que nous sommes entrés dans la phase de la génération Radiohead, comme il y eut la génération Smiths ou bien Cure. Bref, ces groupes phares qui ont influencé de belles choses comme de mauvais ersatz, puis ont décliné. Cela dit, Thom Yorke n’a pas de souci à se faire car en plaçant la barre si haut, il a limité les risques de parasitisme inutile. Ce qui n’est pas le cas de Muse qui, sauf erreur, est promis à un bel avenir (Madonna, la célèbre businesswomen, les a d’ailleurs signés sur son label Maverick).

Muse a tout : un chanteur à la voix PHENOMENALE (Mathew Bellamy), aussi charismatique et envoûté que Yorke (très ressemblant au jeune Brian Ferry), la jeunesse -donc l’indulgence- et une présence scénique naturelle et abrasive. Mais ils ont aussi des compositions complexes qui tiennent la route, bien que parfois facilement décodables. Car manque encore à Muse cette certaine dimension assez rare (le « parce que c’était eux, parce que c’était moi », en quelque sorte) qu’on espère anxieusement trouver sur l’album à paraître.