L’Orangerie connaîtra prochainement une importante rénovation et fermera ses portes pendant environ deux ans, privant alors le public du « trésor » que renferme son sous sol : la magnifique série des Nymphéas. A cette occasion, toutes les cimaises ont été vidées et c’est le bâtiment dans son ensemble qui célèbre ces étendues d’eau fleurie peintes par Monet. A l’extérieur, une tenture ouvre l’exposition -certainement une manière d’éviter d’engorger le hall étroit du musée- avec l’expérience de l’événement Monet à Londres, les organisateurs ne semblent pas avoir douté du succès de cette manifestation. Sur les murs tendus de mauve « nymphéas », une soixantaine de tableaux développent le thème du jardin d’eau. A ceux-ci s’ajoutent des documents : un extrait du film de Sacha Guitry, Ceux de chez nous -où l’on voit Monet en train de peindre au bord de son bassin-, des lettres et des photographies originales.

On passe peut-être un peu vite devant les premières toiles (de l’extrême fin du XIXe jusqu’à 1910 environ), mais on retrouve avec bonheur les œuvres dont la touche se fait plus vive, plus grasse, dont les pourtours de la toile, laissés en réserve, accentuent l’épaisseur de l’huile et dont le motif, bien que peint d’après nature, tend vers une certaine forme d’abstraction. Si les premières salles ont un air de déjà-vu, la multiplication des posters, carnets, barrettes, tee-shirts, etc. y est sans doute pour quelque chose : elle lasse et rend difficile un regard neuf sur le travail du peintre. L’Impressionnisme a quelque chose du « phénomène de mode  » et il est à craindre que la répétition de ses motifs, qui se résument pour beaucoup à des scènes champêtres, ne fassent perdre aux travaux des Degas, Renoir, Sisley, Caillebotte, etc. tout leur contenu.