A l’évocation d’Oradour-sur-Glane, on pense à ce village entièrement mis à feu par les Allemands nazis et notamment à son église incendiée où se trouvaient enfermés femmes et enfants, alors que l’on fusillait les hommes. Lorsque l’on va sur les lieux du martyre, on constate dans un premier temps que tout est resté en l’état depuis le drame, et qu’il ne s’agit non pas d’un village mais plutôt d’un bourg assez grand. Un choc. Car ce bourg que la barbarie nazie vint détruire le 10 juin 1944, classé maintenant monument historique, a été, malgré sa grande superficie, méthodiquement incendié, habitation après habitation, commerce après commerce. Aujourd’hui, ruines, voitures et objets calcinés restent en l’état pour rappeler l’Histoire qui se lit si bien à travers cette histoire-là.

Pour faire mieux comprendre ce que fut ce martyre, mais également pour imposer le respect face à ces ruines, le Centre de la Mémoire, nouvellement construit, est devenu le seul moyen d’entrer dans la ville morte. Il montre l’avancée nazie les jours précédant l’événement pour retracer, heure par heure, l’extermination des populations d’Oradour. Afin de rappeler quelles furent les premières victimes de ce 10 juin 1944, Mémoires d’enfants vient compléter l’exposition permanente. Oradour accueillait dans son école tous les enfants des villages avoisinants. Ceux-là mêmes qui périrent dans l’incendie de l’église. Ici, le Centre de la Mémoire fait bien mieux que de leur rendre hommage : il dit d’abord, par l’accumulation des documents présentés, combien la vie était paisible dans le bourg. Il interroge aussi sur la difficulté, pour une population entière, de faire le deuil même après plus de cinquante années. L’expo qui voit le jour grâce à la participation active des habitants de la nouvelle ville d’Oradour-sur-Glane (reconstruite face aux ruines) a tout de même nécessité la création d’un groupe de travail. Difficile et douloureux pour chacun de revoir puis d’exposer ces objets (cahiers d’écolier, poupées, livres, jouets, missels, etc.) devenus si intimement mêlés à l’histoire de leur famille.

Pourtant, de cette douleur semble avoir rapidement surgi le désir de rendre à Oradour la vie qui lui appartenait ; petite ville riche à travers laquelle passait le tramway, elle devenait, toutes les fins de semaine, un lieu de rendez-vous pour d’agréables journées au bord de l’eau. C’est cette vie-là qui envahit avec insolence les salles d’exposition. Celle-là même qui fut volée aux populations d’Oradour et des villages alentour.