Bien évidemment, l’exposition Les Années Supports / Surfaces doit en incommoder plus d’un, les toiles pliées et peintes (Louis Cane), des bouts de ficelles nouées (André Valensi), des morceaux de bois pris dans du plâtre mêlés à des débris de briques (Bernard Pagès). Oui, eux aussi ont contribué à ce que dans nos musées d’art contemporain résonnent des : « Je peux en faire autant » et autres : « J’en voudrais pas dans mon salon ».

Les membres du groupe Supports / Surfaces, fondé en 1970 (Dezeuze, Cane, Devade, Bioulès, Sautour, Valensi, Viallat) ont décidé de retrouver l’essence de la peinture, à savoir : une surface colorée sur un support. On peut ensuite théoriser, essayer de comprendre pourquoi Valensi en est arrivé à nouer des ficelles de différentes couleurs, expliquer le geste de Saytour qui trempe des rouleaux de tissu dans du goudron… Mais on peut tout aussi bien se laisser séduire par le scintillement coloré des toiles de Meurice qui semblent se dérouler à l’infini ; aimer l’idée que des chutes de toiles agrafées les unes aux autres deviennent ainsi tableau (Buraglio) ; accepter qu’un tableau ne soit constitué que d’une toile chez Viallat ou que d’un châssis pour Dezeuze.

Alors on envie ces artistes, qui au fond de leur atelier, expérimentent, créent non seulement des oeuvres, mais aussi des moyens de les réaliser. Tout devient signe (un pli, une couture, une brûlure…) et tout peut être support (le bois, la terre cuite, les tissus…). On a certes davantage l’impression d’être face à des recherches qu’à des oeuvres finies, mais la contemplation n’est pas exclue pour autant, puisque ces artistes travaillent sur des moyens techniques et picturaux, non pas sur des concepts abstraits. Il y a effectivement quelque chose de palpable dans chacune des oeuvres exposées, qui les rend accessibles, proches de nous, un peu familières.

Corine Girieud

Les Années Supports / Surfaces dans les collections du Centre Georges Pompidou
Galerie nationale du Jeu de Paume
1, place de la Concorde – Paris 1e