Pratiquants assidus de jeux vidéo en réseau, les membres du collectif Kolkoz se sont emparés de ce monde parallèle virtuel pour assouvir leurs désirs. Désir de création d’êtres monstrueux tels des créatures de Frankenstein de synthèse ; désir de vivre plusieurs fois, de tuer sans conséquence, de posséder sans droit ni devoir. Le spectateur est donc convié à participer activement à des intrusions dans les mondes parallèles où vivent, parfois, les clones des trois membres de Kolkoz. Il devient formellement interdit de rester passif devant les œuvres du collectif car elles n’existent que si l’on participe à leur existence. A l’exemple des tamagoshis vaudou, charmantes poupées de résine synthétique qui meurent si on ne les entretient pas ; le principe même de ce jouet idiot importé du Japon. Cependant, en langage Kolkoz, entretenir un être signifie qu’il faut lui enfoncer des aiguilles dans le corps dans le simple but de le faire souffrir. Qu’on se le dise : la douleur et la mort se trouvent au cœur de la plupart de ces créations tout comme elles hantent les jeux vidéo.

Autre point fort : une vidéo faussement interactive (le participant est manipulé par la machine) qui met le visiteur en face d’un interlocuteur filmé qui mène une conversation dérangeante, vaguement malsaine dans laquelle il pose des questions embarrassantes ou en vient à des conclusions tranchées. Est-ce à nous, êtres du monde réel, de répondre, ou à un personnage que l’on se crée pour cette conversation presque virtuelle ? Quelle est notre aptitude à entrer dans le jeu ? Quelle attirance avons-nous pour ces mondes parallèles ? Les Kolkoz, eux, n’ont pas hésité à s’offrir d’autres vies en espérant secrètement que leurs clones mènent leur propre existence dans leur monde où tous les actes n’ont aucune importance, où rien n’est grave, même pas la mort. Alors Kolkoz pend un être d’images de synthèse et propose au visiteur de s’amuser à le faire tourner au bout de sa corde. Ce même visiteur, tellement absorbé par le fait que la manette « du jeu » ne fonctionne pas comme il s’y attendait, ne se rend pas compte qu’on le fait jouer avec un cadavre… virtuel, certes.

Qu’on se rassure : il n’y a pourtant pas d’idées noires dans cette exposition, juste une réflexion sur la virtualité de l’art avec seulement une tendance à faire passer les messages par le biais d’images provenant d’une culture commune aux membres du Kolkoz, entre cinéma violent et jeux vidéo.