Issey Miyake, qui se définit comme « fabriquant de vêtements » ou « designer » et non comme styliste, a investi les murs de verre de la Fondation Cartier pour l’art contemporain. On est en droit de se demander pourquoi cette Fondation, qui s’est donné pour but de promouvoir la création artistique contemporaine, accueille ce grand couturier.
Dès la première salle, on comprend que cette exposition n’a effectivement rien à voir avec celles que proposerait un musée du costume et la présence d’Issey Miyake semble déjà justifiée. Un vêtement doit se concevoir dans le mouvement et le couturier le prouve par une joyeuse installation qui donne vie à ses créations, suspendues à des câbles. Les « Pleats Please » (ce fameux tissu savamment froissé) s’envolent en faisant vibrer leurs couleurs ; les robes-soufflet se déploient et s’épanouissent, tout s’anime et fait des bonds.
Pour mieux montrer encore son attachement à l’art contemporain, le couturier a proposé à quatre artistes (Yasumasa Morimura, Nobuyoski Araki, Tim Hawkinson et Cai Guo-Quiang) de travailler à partir de la ligne « Pleats Please ». Curieusement, c’est la partie de l’exposition qui est la moins originale. Peut-être est-ce dû à la mise en espace : les vêtements sont accrochés aux grandes baies vitrées pour devenir « les éléments d’un vitrail coloré » -comme l’indique la belle plaquette que l’on nous donne à l’entrée- mais l’effet « vitrail » n’est pas évident et on reste un peu perplexe quant à l’intention des artistes.
Au sous-sol du bâtiment, l’exposition prend tout son sens en dévoilant quelques-uns des secrets de fabrication d’Issey Miyake. Il expérimente, mêle les matières, invente de nouveaux tissus, propose une robe pouvant se décliner en une infinité de possibilités. Il apparaît alors comme un inventeur génial, qui a, en plus, le souci de se faire comprendre. Une installation très didactique met en scène la réalisation vidéo de certaines pièces de ses collections entre 1991 et 1999.
Bien sûr, cette exposition conçue par Issey Miyake ne cherche pas à prouver le talent du créateur; ceci est posé d’entrée de jeu, comme une évidence. Il ne s’agit pas non plus d’une auto-célébration, mais plutôt d’une démonstration des possiblités dans le domaine de la (haute) couture, tout en s’attachant à ce que celle-ci soit facile à porter.
Peut-être qu’ainsi, les défilés de mode nous paraîtront moins loufoques.