Le fait est assez rare pour être signalé : dans le cadre du festival des Inrocks, Monsieur Elliott Smith a joué sur deux sets. D’une part avec Quasi dans le rôle du bassiste, et d’autre part toujours avec Quasi dans son propre rôle d’Elliott Smith. C’est situer ici la simplicité de ce personnage à l’allure adolescente.
Sur scène en ce début de soirée, en formation basique (batterie, basse, guitare, chant), Smith peine à démarrer. Modeste et effacé, vraisemblablement mal à l’aise, plombé par des problèmes de son, il balance néanmoins ses pop songs sans caprices. A un moment, on croit qu’il se contrôle, qu’il se retient, non pas par calcul mais plutôt par pudeur. Rien ne réussit comme l’excès disait le poète, mais le si attachant Elliott Smith, qui en est un autre, n’a pas besoin de s’éventrer : forcément, puisant largement dans le répertoire de son deuxième album comme avec l’imparable Ballad of big nothing, l’évidence et la finesse de l’écriture de ses compostions élèvent le débat. Mais l’impression de frustration pointe quand même, qu’attendait-on après tout sinon ce messie qui parvient à nous révéler le graal sur album alors qu’on assiste ici à une bonne performance par un bon songwriter.
La révélation opère pourtant. A coeur ouvert. Laissé seul avec sa guitare par les fidèles Quasi, c’est un retournement. Il décolle en état de grâce et nous avec, l’intensité de sa voix est belle à pleurer. Seul, Elliott Smith prend toute sa mesure : il est essentiel. Mais ça ne dure que trois chansons (Between the bars et Say yes sont bouleversants).
Le rideau rouge définitivement tombé, Elliott Smith a tellement été rappelé (mais en vain) qu’il DOIT revenir. Mais en tête d’affiche s’il vous plaît cette fois-ci, et non pas corseté dans le louable festival des Inrocks à qui l’on doit ce (beau) coïtus interrumptus avec ce grand petit homme, donc.