Muché au fond d’une petite impasse derrière Beaubourg, ce charmant petit musée s’annonce par quelques chaises de jardin placées autour de petites tables rondes abritées par une treille. Lors de ma visite, la treille protégeait à peine de la pluie mais elle avait un parfum d’été. A l’entrée de l’impasse, la végétation couvrait courageusement un mur aveugle. Une superbe rose trémière penchait la tête comme un sourire sous l’ondée.
Depuis le 19e siècle, Paris était réputé dans toute l’Europe pour le raffinement des poupées qui y étaient fabriquées. En ouvrant le Musée de la poupée en juin 1994, Guido et Samy Odin, père et fils, rendent hommage à la tradition parisienne et font profiter le public de leur collection.
Quatre salles présentent les poupées, depuis 1850 jusqu’à nos jours. Dans chaque vitrine des meubles et « objets quotidiens », miniatures de ceux qui étaient utilisés à l’époque, entourent la poupée ainsi mise en scène dans un cadre familier. Les jeunes visiteurs prennent une leçon d’histoire sans s’en apercevoir, les moins jeunes redécouvrent avec émotion les jouets oubliés de leur enfance (poupée Bleuette de La Semaine de Suzette, poupée Marie-France et ses sœurs avec leur aube de communiantes dessinées par Modes et Travaux).

Objets luxueux, les premières poupées de collection étaient des « poupées-femmes » munies de leur trousseau, d’accessoires assortis, de meubles et bagages. Grâce aux patrons édités dans les magazines, les petites filles pouvaient s’initier à la couture et compléter le trousseau de leur « Parisienne ». En 1878 le « bébé » s’impose, représentant l’enfant de 3 à 12 ans. Ë partir de 1899 apparaissent les « bébés de caractère » aux traits expressifs et les « poupons » représentant les nouveau-nés. Une vitrine est réservée aux poupées-portraits inspirées de personnes réelles (poupées Odin fils et mère, les représentant dans leur enfance) et « poupées d’artistes » contemporaines.
Au fil des vitrines nous suivons l’évolution des canons esthétiques, des jeux et des modes. L’influence du Japonisme se remarque dans ce jeu de quilles fin 19e, figurant une Japonaise peinte sur tissu rembourré, avec ombrelle et kimono et large éventail rebrodé de rouge, lestées par un socle de bois. Les quilles en caoutchouc apparaîtront plus tard, en forme de clown ou illustrant l’actualité de manière satirique. Une séance de lanterne magique avec accessoires miniatures et poupées 1880-1900, des vacances à la mer pour enfants sages en costume marin, l’apparition de personnages inspirés par les illustrateurs en vogue (couple d’alsaciens inspirés par Hansi en 1915-1920 et Bécassine depuis les origines jusqu’à nos jours).

Musée de la poupée « Au Petit Monde Ancien »
Impasse Berthaud (vers le 22 rue Beaubourg – Paris 3e)
Renseignements : 01 42 72 73 11